Voilà un article de cyclism'actu sur l'affaire Landis
:Floyd Landis : Une affaire sans précédent
L'affaire Floyd Landis est digne d'un roman policier des plus passionnants. L'Américain a pourtant tout tenté pour se disculper, mais rien n'y a fait. Déchu de sa victoire dans le Tour de France 2006, Landis a aussi tenté de revenir à la compétition. Un retour mitigé dans l'équipe OUCH-Maxxis et, à maintenant 34 ans, que peut espérer Floyd Landis, sous le coup d'un mandat d'arrêt sur le territoire français ?
Landis, l'ascension parfaiteFloyd Landis ne pouvait pas rêver mieux que sa carrière. Il a gravit les échelons uns à uns, pour arriver à devenir le bras droit de Lance Armstrong. Petit, Landis était soumis à un mode de vie strict imposé par le protestantisme de ses parents. Mais lorsqu'en 1999 il passe professionnel dans l'équipe Mercury-Viatel, le talent du californien ne fait plus aucun doute. L'année 2000 est celle de la révélation sur le plan international mais également français, avec la victoire finale dans le Tour du Poitou-Charentes et deux épreuves solitaires : le prologue du Tour du Langkawi ainsi que la dernière étape du Critérium International disputé à Charleville-Mézières, un contre-la-montre dont la longueur est cependant assez modeste. Floyd Landis s'est fait un nom, mais personne n'imagine qu'il va signer chez US Postal en 2002, après une année blanche de succès, contribuant ainsi aux succès de Lance Armstrong dans la Grande Boucle.
Le lieutenant d'ArmstrongEn passant dans le formation du Texan, la destinée du Californien va prendre encore une fois une nouvelle dimension. À l'époque et c'est encore vrai de nos jours, lorsqu'un coureur d'une dimension régionale, avec certes un certain talent, signe dans une grande équipe. On a de grandes chances de voir ce coureur franchir un palier, en aidant ses leaders, emmagasinant de l'expérience et devenant à son tour leader lors de courses d'un renommé moindre. Landis ne fait exception à la règle et pendant ses trois années de bons et loyaux services, il réussi à terminer second du Dauphiné Libéré, juste derrière Armstrong, accrochant le Tour d'Algarve et une septième place lors du Tour du Pays Basque à son palmarès. Mais Landis veut plus. Comme tout grand champion, il veut lui aussi réaliser son rêve : gagner la Grande Boucle. Il change d'équipe à l'aube de la saison 2005, signant chez l'équipe suisse Phonak. Sa première année reste timide pour un coureur de sa renomée mais lors de la seconde, avec le retrait des pelotons de L.A et accompagné d'Alex Merckx, Martin Perdiguero et Alexander Moos pour ne citer qu'eux, il réalise un début de saison exceptionnel, remportant Paris-Nice, le tour de Californie et le Tour de Géorgie. Le Tour de France s'offre à lui, avec l'absence de certains favoris : Alexandre Vinokourov, Jan Ullrich et Ivan Basso (qui venait de littéralement écraser le Giro) sont interdits de départ, impliqués dans l'affaire Puerto, une affaire de … dopage
Une affaire sans précédentDes affaires de dopage médiatisées, le cyclisme en a connu, avec par exemple l'affaire Festina ou Puerto. Mais en ce 19 Juillet 2006, personne ne s'y attendait. Après avoir cédé son maillot de leader à Oscar Pereiro lors d'une étape de transition entre les deux principaux massifs montagneux français, laissant volontairement le maillot de leader à Pereiro, un ancien coureur de Phonak, Landis s'écroule totalement dans la montée vers la Toussuire. Défaillant et incapable de suivre le rythme de ses propres coéquipiers qui tentaient de limiter la casse, Landis a tout perdu. En une montée, un « jour sans » comme le dise certain, Landis a peut-être perdu l'occasion inespéré de remporter un Tour de France qui lui tendait les bras...
Et si personne ne s'attendait à ce dénouement, personne non plus ne s'attendait à la formidable réaction de Landis. Dans un sursaut d'orgueil, il attaque dans les premières pentes de la longue étape, après que le peloton est était réduit à une vingtaine d'unité suite au rythme de ses coéquipiers. Après cette attaque, l'échappée suicide du californien semble voué à l'échec. Mais en profitant de la passivité du peloton, il s'impose à Morzine avec 6 minutes d'avance sur Carlos Sastre.
La suite, on la connaît. Vainqueur de l'épreuve chronométré de l'avant dernier jour de ce Tour de France 2006, Landis réussi l'impossible, gagnant la Grande Boucle. Mais le 27 Juillet 2006, ses prélèvements au soir de sa victoire à Morzine se révèlent anormaux. Le taux de testostérone est 11 fois supérieur à la moyenne. Le monde entier est sous le choc. Comme se sera le choc en 2007 pour Alexandre Vinokourov et sa victoire à Albi. Car le public français s'était pris d'affection pour ses deux champions et leurs exploits malgré la défaite, malgré la blessure. Une affection trahit par l'échantillon B, qui se révèle comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Landis n'est plus soutenu par l'opinion publique et va alors entamer un marathon administratif pour tenter de se disculper, prouver que lui, le champion à l'ascension extraordinaire, au panache suicidaire dans l'étape vers Morzine, il n'a pas dépassé la limite autorisé.
Mais rien n'y fait, et rien n'y fera.
Landis, un final pas encore achevéPlus de deux ans après cette affaire, rien n'est terminé. Landis a dépensé 2 million de $ (1,6 million d' € ) pour sa défense. Une somme faramineuse pour un résultat finalement nul. De procès en procès, Landis aura tout tenté. Alors l'américain est-il vraiment coupable ? D'un point de vue scientifiques, les échantillons de l'Américain l'ont prouvé. Mais pour quelles raisons s'entête-t-il dans des procès interminables. Simple entêtement stupide ou raisons fondés ? Tant de questions qui restent en suspens. Tant de questions dont l'on aura peut-être jamais la réponse. Avec les évènements passés, le piratage informatique et le mandat d'arrêt dresse contre lui pour ne pas s'être présenté au tribunal, l'affaire Landis est plus que jamais d'actualité. Avec un jour les réponses aux questions ?
Par Benjamin Roque