23 Juil 2009, 22:19
Premier Suisse à remporter la Grande Boucle, le Zurichois est le plus ancien vainqueur du Tour encore vivant. Il fêtera ses 90 ans vendredi. Happy birthday Ferdi!
© KEYSTONE | Souvenirs. Ferdi Kubler soutenu, au propre comme au figuré, par son épouse Rosa. L’instantané symbolise le tableau d’une époque qui rimait avec épopée, baptisée l’âge d’or du cyclisme.
PATRICK TESTUZ | 21.07.2009 | 00:01
«Ferdi Kubler a vécu une enfance digne de Germinal. Il a développé des facultés exceptionnelles dès sa prime jeunesse. C’était un véritable guerrier, dur au mal. Il symbolise un cyclisme au parfum d’épopée définitivement révolu. En regardant le Tour 2009 à la télé, Ferdi a dû se retourner plus d’une fois dans son fauteuil!» Bertrand Duboux parle du Zurichois en connaisseur du passé, qu’il cultive avec une nostalgie fiévreuse et chaleureuse, et du sujet.
En 2003, l’ancien Monsieur Vélo de la TSR avait réalisé, conjointement avec Anne Cuneo, un portrait intimiste intitulé Ferdi «National» Kubler. «Il possède une mémoire d’éléphant. Tout est inscrit sur son disque dur, s’enthousiasme Duboux. Il conte et raconte ses succès de légende par le menu détail.»
25 000 francs
Vainqueur du Tour de France 1950, champion du monde l’année suivante, l’Aigle d’Adliswil épingla les Tours de Suisse, de Romandie, Liège-Bastogne-Liège et la Flèche Wallonne à son palmarès. «Mon succès au Tour m’avait rapporté 25 000 francs. Une fois la somme partagée avec mes coéquipiers, il me resta 4000 francs.»
Les apparences sont trompeuses. Son discours n’est ni passéiste ni aigri. «Les champions d’aujourd’hui gagnent beaucoup d’argent mais pas assez comparativement aux tennismen par exemple. Ils ont beau être choyés, ils sont toujours formidables car ils pratiquent le sport le plus dur du monde», confiait le nonagénaire (il est né le 24 juillet 1919 à Marthalen) à l’occasion du Tour de Suisse.
Le «Fou pédalant»
En 1940, à son passage chez les professionnels, Kubler inaugurait son palmarès routier par des succès au Critérium de Nyon et à A Travers Lausanne. Dix ans plus tard, à 31 ans, pour sa troisième participation, il s’adjugea la Grande Boucle.
Dans Kubler, il y a blair, donc flair. Ce nez qui lui permit de faire des affaires une fois sa carrière terminée, l’impétueux Kubler sut l’utiliser à son profit par monts et par vaux. Course bouclée, il était parfois frappé d’amnésie et oublieux de certaines promesses et alliances conclues.
Pour les uns, il était le «Fou pédalant», toute allusion à Charles Trenet n’est pas fortuite. Pour les autres, le coureur hennissant, référence à la bave s’échappant de sa bouche, écume des jours de rage de vaincre.
Las, celle-ci le cédait parfois à une colère mauvaise conseillère. Dans son édition du 8 août 1950, Miroir Sprint salua la victoire du Zurichois en ces termes: «Athlète nerveux, impulsif, coureur éclatant de santé, de classe, homme loyal, affable, tel est Ferdi Kubler.»
Rivalité avec Koblet
Impossible d’évoquer Kubler sans citer l’autre «K», Hugo Koblet, lauréat du Tour en 1951. Faut-il plébisciter l’élégance souveraine et le style jamais dépenaillé ou la hargne indomptable et le tempérament incontrôlable? En son temps, la question divisa le pays.
Pas franchement copains ni vraiment ennemis, les Zurichois sont indissociables dans la mémoire collective. Leur rivalité a profité à l’un comme à l’autre. Leurs morceaux de bravoure ont frappé les imaginations, imprégné durablement les générations.
Son palmarès au Tour
1947: abandon 7e étape. Vainqueur des 1re et 5e étapes. 1 jour en jaune.
1949: abandon 18e étape. Vainqueur de la 5e étape.
1950: vainqueur final, gagnant des 6e (c.l.m de 78 km), 16e et 20e (c.l.m. de 98 km) étapes. 11 jours en jaune.
1954: 2e du général, lauréat des 5e et 14e étapes ainsi que du classement aux points (maillot vert).
1955: abandon.
© KEYSTONE | Souvenirs. Ferdi Kubler soutenu, au propre comme au figuré, par son épouse Rosa. L’instantané symbolise le tableau d’une époque qui rimait avec épopée, baptisée l’âge d’or du cyclisme.
PATRICK TESTUZ | 21.07.2009 | 00:01
«Ferdi Kubler a vécu une enfance digne de Germinal. Il a développé des facultés exceptionnelles dès sa prime jeunesse. C’était un véritable guerrier, dur au mal. Il symbolise un cyclisme au parfum d’épopée définitivement révolu. En regardant le Tour 2009 à la télé, Ferdi a dû se retourner plus d’une fois dans son fauteuil!» Bertrand Duboux parle du Zurichois en connaisseur du passé, qu’il cultive avec une nostalgie fiévreuse et chaleureuse, et du sujet.
En 2003, l’ancien Monsieur Vélo de la TSR avait réalisé, conjointement avec Anne Cuneo, un portrait intimiste intitulé Ferdi «National» Kubler. «Il possède une mémoire d’éléphant. Tout est inscrit sur son disque dur, s’enthousiasme Duboux. Il conte et raconte ses succès de légende par le menu détail.»
25 000 francs
Vainqueur du Tour de France 1950, champion du monde l’année suivante, l’Aigle d’Adliswil épingla les Tours de Suisse, de Romandie, Liège-Bastogne-Liège et la Flèche Wallonne à son palmarès. «Mon succès au Tour m’avait rapporté 25 000 francs. Une fois la somme partagée avec mes coéquipiers, il me resta 4000 francs.»
Les apparences sont trompeuses. Son discours n’est ni passéiste ni aigri. «Les champions d’aujourd’hui gagnent beaucoup d’argent mais pas assez comparativement aux tennismen par exemple. Ils ont beau être choyés, ils sont toujours formidables car ils pratiquent le sport le plus dur du monde», confiait le nonagénaire (il est né le 24 juillet 1919 à Marthalen) à l’occasion du Tour de Suisse.
Le «Fou pédalant»
En 1940, à son passage chez les professionnels, Kubler inaugurait son palmarès routier par des succès au Critérium de Nyon et à A Travers Lausanne. Dix ans plus tard, à 31 ans, pour sa troisième participation, il s’adjugea la Grande Boucle.
Dans Kubler, il y a blair, donc flair. Ce nez qui lui permit de faire des affaires une fois sa carrière terminée, l’impétueux Kubler sut l’utiliser à son profit par monts et par vaux. Course bouclée, il était parfois frappé d’amnésie et oublieux de certaines promesses et alliances conclues.
Pour les uns, il était le «Fou pédalant», toute allusion à Charles Trenet n’est pas fortuite. Pour les autres, le coureur hennissant, référence à la bave s’échappant de sa bouche, écume des jours de rage de vaincre.
Las, celle-ci le cédait parfois à une colère mauvaise conseillère. Dans son édition du 8 août 1950, Miroir Sprint salua la victoire du Zurichois en ces termes: «Athlète nerveux, impulsif, coureur éclatant de santé, de classe, homme loyal, affable, tel est Ferdi Kubler.»
Rivalité avec Koblet
Impossible d’évoquer Kubler sans citer l’autre «K», Hugo Koblet, lauréat du Tour en 1951. Faut-il plébisciter l’élégance souveraine et le style jamais dépenaillé ou la hargne indomptable et le tempérament incontrôlable? En son temps, la question divisa le pays.
Pas franchement copains ni vraiment ennemis, les Zurichois sont indissociables dans la mémoire collective. Leur rivalité a profité à l’un comme à l’autre. Leurs morceaux de bravoure ont frappé les imaginations, imprégné durablement les générations.
Son palmarès au Tour
1947: abandon 7e étape. Vainqueur des 1re et 5e étapes. 1 jour en jaune.
1949: abandon 18e étape. Vainqueur de la 5e étape.
1950: vainqueur final, gagnant des 6e (c.l.m de 78 km), 16e et 20e (c.l.m. de 98 km) étapes. 11 jours en jaune.
1954: 2e du général, lauréat des 5e et 14e étapes ainsi que du classement aux points (maillot vert).
1955: abandon.
A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire !