Ouverture des Sept Révérends
Diego
Il s'appelait Diego Jaimedez Ortega et il était né à Las Vegas.
De la ville du péché, il connaissait les moindre recoins.
Il était devenu l'expert des casinos et des boites de nuit locale.
Diego était une bible vivante de la débauche et de l'immoralité.
C'était au temps où la Californie était regroupé avec le Nevada sous une dictature.
Une dictature menée par Arnold Schwarzenneger, un ancien acteur de cinéma.
La Californie était un pays où régnait l'argent et une certaine idée de la perfection.
L'état opprimait ceux qui ne rentraient pas dans le schéma préétabli.
Les obèses étaient exterminés, mais aussi ceux dont la chevelure était rousse.
Des brigades de la mort étaient affiliées au fisc et elles tuaient tout ceux qui avaient échoué.
Une femme devait être blonde, et avoir subit au moins une fois une opération de chirurgie esthétique.
Ce phénomène touchait les hommes aussi, qui passaient de plus leurs soirées dans les clubs de gym.
Une société où le superficiel l'avait emporté, et où la différence ou le naturel étaient des tares mortelles.
Diego était comme tous les californiens, il était homophobe, détestait les hippies de San Francisco, et avait autant de botox dans le visage que de litres de lymphe dans le corps.
Il vivait changeait de conquête comme l'on change de chemise, il changeait de préservatif comme on charge les cartouches d'un fusil.
Mais ce monde de plastique allait fondre devant l'offensive des libérateurs.
Diego n'était pas à Las Vegas ce soir là, il roulait comme un fou sur les longues lignes droites traversant le désert du Nevada au volant de sa Corvette jaune. Pour plus de sensation, il éteignait ses phares ou fermait les yeux. Alors qu'il éclairait la route de ses lumières agressives, il croisa une jeune femme en panne sur le bord de la route. Espérant ne pas terminer la soirée seul, il freina brusquement, et revint en marche arrière au niveau de la fille. Il baissa la vitre passager et lui proposa de l'aide. Elle accepta, elle souhaitait être déposée à la ville la plus proche pour passer la nuit dans un motel avant de contacter un garagiste. Elle monta dans le véhicule. C'était une fille au visage d'une pureté incroyable, des cheveux châtains-roux aux reflets d'or, des yeux oscillants entre le noisette et le vert, et quelques tâches de rousseur ponctuant la délicatesse de son nez. Il n'avait jamais vu de ville aussi belle malgré son naturel, il collectionnait les bimbos aux poitrines engageantes mais elle n'était pas comme elles. Après avoir gardé le silence devant cet ange, il entama une discussion, mais le seul sujet qui sortait de ses lèvres c'était sa propre personne. Il ne savait parler que de lui et de son amour pour le mode de vie hédoniste. Mais elle s'en moquait, elle ne le regardait même pas. Elle regardait au dehors en souriant du coin des lèvres. Diego ne comprenait pas ce qui pouvait bien la ravir autant, ici, au beau milieu du désert. Il baissa la tête vers son volant, les yeux levés pour regarder vers le ciel. Et là, ce fut le choc de sa vie. Il n'avait jamais remarqué que la pleine lune était si belle au milieu de ce ciel étoilé plus éblouissant que n'importe quel immeuble clinquant des cités modernes. Et la douce lumière que l'astre offrait au désert hostile le jour, devenu si paisible la nuit, qui lui aurait fait oublier tous les reflets de l'or et de l'argent.
Il déposa la fille à la ville. Il lui demanda son prénom, puis son numéro de téléphone. Elle lui répondit Caroline, et dans un sourire se retournait vers son motel. Diego était sous le charme, il en aurait pleuré si ses joues n'avaient pas été si tendues qu'il lui était impossible d’émettre la moindre larme. Il resta là, dans sa corvette, observant le motel dans lequel Caroline avait décidé de passer la nuit. Il se sentait touché, comme si il avait découvert d'autres sentiments et qu'il pouvait enfin s'ouvrir au monde. Il s'endormit là, sur son siège avant.
Ce n'est qu'au petit matin qu'il fut réveillé par les cris péremptoires d'un officier de l'armée californienne des brigades de la mort. Il trembla de tout son être voyant sortir d'une fourgonnette les hommes armés se diriger vers le motel. Il resta les yeux écarquillés devant le déploiement de ses véritables insectes aux carapaces de kevlar. Ils pénétrèrent dans la loge du concierge, les premiers coup de feu retentirent. Il y en eu d'autres, certains tentaient de fuir en sautant par les fenêtres, mais le soldat installé aux commandes de la tourelle de la fourgonnette les tirait comme des lapins. Le calme revint après quelques minutes, quand ils remontèrent dans leur corbillard et retournèrent vers d'autres victimes. Pourtant, à peine avaient t'ils quitté le parking qu'une roquette fut tirée depuis un hélicoptère et que leur véhicule ne fut plus qu'un tas de flammes.
Diego courra immédiatement vers le motel. Il enjamba le corps sans vie de la concierge et de son mari, ainsi que de leur chien, il consulta le registre des chambres et trouva le nom de Caroline, elle s'appelait Caroline Deschênes, certainement une québécoise ou une descendante de francophone. Elle avait loué la chambre 14, il s'y précipita. Ils n'étaient restés que quelques minutes, mais toutes les portes avaient été ouvertes. Il s'approcha de la porte 14, la serrure avait été brisée, il poussa la porte d'une main, et l'horreur sauta à ses yeux. La si belle Caroline était allongée, une main sur sa poitrine cachant l'impact d'une balle de fusil d'assaut. Elle respirait encore, ses yeux ouverts fixaient Diego comme appelant au secours. Il regarda par la fenêtre, d'autres militaires arrivaient, ils portaient les couleurs de la Lamborée. Il la rassura, et cria par la fenêtre en appelant des secours. Deux soldats se précipitèrent dans le motel accompagnant un soldat militaire. Ils entrèrent dans la pièce où gisait Caroline. Ils tentaient tout pour la sauver quand n'importe quel médecin Californien l'aurait laissé mourir si elle n'avait pas allongé les billets. Après quelques minutes de combat, Caroline fut déclarée morte.
Cette image resta gravée dans la mémoire de Diego, qui allait devenir le Révérend Jaimedez Ortega.