[Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro - fini !

Journal intime de Seweryn Szymaszek

3 août 2012
Un duel acharné

Circuito de Getxo
C1 – 31 juillet - Vallonnée

Marczynski, Bodnar, Zuelinski et quelques bisons revenaient à la compétition afin de reprendre du rythme et préparer la fin de saison. Ils participèrent donc au Sachsen Tour dans l’anonymat du peloton et arrivaient sur deux petites courses avec un deal. Marczynski devait se mettre au service de Kemar lors du Circuit de Getxo et l’inverse lors de la Polynormande. Cette réciprocité permit ainsi de partager le leadership entre les deux hommes et de symboliser la passation de témoin entre les deux escouades.

Coureurs engagés : Mateusz Kemar (85), Lukasz Budnar (89), Tomasz Marczynski (79), Maciej Bodnar (79), Piotr Zuelinski (79), Seweryn Malesa (72), Piotr Krysman (80), Jaroslaw Banaczek (79)

CLASSEMENT FINAL
La victoire revient à : 1 Sevilla ANDALUCIA 4h32’21
et les meilleurs bisons se classent : 4 Mateusz Kemar ZUBROWKA s.t.
84 Tomasz Marczynski ZUBROWKA s.t.

Parfaitement soutenu par Tomasz Marczynski, Kemar bascule, après la dernière côte, en compagnie du groupe de tête. Il empoche au final une respectable 4ème place.

Polynormande
C1 – 3 août - Vallonnée

Coureurs engagés : Mateusz Kemar (82), Lukasz Budnar (85), Tomasz Marczynski (81), Michal Gulas (81), Piotr Zuelinski (81), Sebastian Lenczewski (74), Piotr Krysman (82), Jaroslaw Banaczek (81)

CLASSEMENT FINAL
La victoire revient à : 1 Hivert BOUYGUES 4h21’57
et les meilleurs bisons se classent :
6 Mateusz Kemar ZUBROWKA s.t.
7 Tomasz Marczynski ZUBROWKA s.t.
16 Michal Gulas ZUBROWKA + 1’03
17 Lukasz Budnar ZUBROWKA + 1’03
18 Sebastian Lenczewski ZUBROWKA + 1’03

Lorsque les ultimes pentes se présentèrent aux coureurs, Marczynski chercha Kemar du regard, ce dernier devant l’épauler pour économiser son énergie. Cependant, contrairement à l’arrangement demandé par le manager LeRat, Mateusz Kemar attaqua en compagnie des leaders adverses. Résolu à ne pas laisser partir le bon coup, Marczynski tenta de répondre, mais, affaibli, il ne parvint pas à suivre les meilleurs. Kemar craqua également sur les derniers kms, se fit irrémédiablement lâcher par les meilleurs, puis rejoindre par Tomasz.

A l’arrivée, celui-ci sortît de ses gonds, furieux que le deal n’ait pas été respecté par l’autre co-leader des bisons. Il rejoignit Kemar, l’attrapa par le col devant quelques journalistes et lui demanda une explication à ses manquements. Mateusz lui rétorqua : « Ecoute, primo tu me lâches le maillot, secundo je ne suis pas là pour te servir, tu es soi-disant un leader, alors prouve-le et prends-toi en main tout seul ! Moi, c’est ce que je fais, quand je gagne, je le fais par mes propres moyens. Au fait, rappelle moi combien de victoire tu as cette année, rappelle moi qui est devant au classement individuel ! Je te signale qu’à présent, je suis en tête pour le Continental, j’ai 6 victoires, et toi ? ». Le fils du soleil, ébranlé par la répartie de son ennemi intime, le relâcha et le regarda s’en aller en bouillonnant silencieusement.


La chute des bisons

Journal intime de Seweryn Szymaszek

5 août 2012
Un vieil homme heureux

Il y a plusieurs jours, après un entrainement musclé par le bâton de Vlad, dans la campagne entourant Varsovie, le vieil homme m’observa quelques secondes, puis il m’adressa la parole pour engager une discussion normale. Habituellement, il ne me parle pas, il me gueule dessus comme du poisson pourri par un été caniculaire, c’est pourquoi je crus sur le coup qu’il était malade. « Seweryn, euh… je me demandais si tu pouvais passer chez moi ce soir. J’ai… euh… besoin d’un coup de main, trois fois rien. Voici mon adresse, tu passes à 20h, ok ? Je prépare la vodka, à ce soir le goth ! ». Et il disparut sans attendre ma réponse.

Je n’étais pas interloqué par son invitation, j’étais mort d’anxiété. Mais qu’est-ce qu’il a tout à coup ? Qu’est-ce qu’il me veut ? Un vieux monsieur qui invite un jeune homme le soir pour boire de l’alcool, ce n’est pas un peu louche, ça ?! Il est peut-être attiré par les jeunes puceaux, imberbes et un peu dark, il se tape peut-être des trips sado-maso dans les boites louches de la capitale, c’est peut-être un vieux pervers dangereux…

Je psychotai donc tout l’après-midi sur mon rendez-vous du soir, Sebastian me rassura sur les intentions du vieux Vlad et me persuada de m’y rendre. « Et puis, peut-être qu’il va te faire découvrir des sensations qui t’étaient inconnues jusqu’alors ! », me réconforta-t-il avant de me quitter. L’enfoiré !

Souvent ponctuel, j’arrivais chez Vlad à 21h, pressé d’en finir avec cette pénible tâche. Il me fit entrer dans son antre, un bric-à-brac sombre et extraordinaire, un véritable musée d’antiquités datant de l’ère communiste : des photos, des armes, des costumes, des instruments de musique, des archives administratives, des décorations, etc. Le vieux russe doit être l’un de ces nostalgiques de cette époque particulière et révolue du monde contemporain. Je comprends mieux pourquoi il sent à ce point la naphtaline en tout cas. En silence et visiblement peu à l’aise par la présence d’un étranger dans son univers, il me tendit maladroitement un verre de vodka et s’assît dans son fauteuil. Je restais debout pour indiquer que la rencontre du soir sera de courte durée. Par un signe, il m’indiqua un siège et, voyant mon hésitation, soupira.

« J’ai besoin de ton aide, Seweryn. Tu as une famille, n’est-ce pas ? Une sœur ? C’est bien. » Il but son verre d’une traite et enchaina. « Je suis marié. Enfin… j’ai été marié. J’ai une fille, elle doit avoir à peu près ton âge aujourd’hui, un peu plus peut-être. Ma femme m’a quitté il y a longtemps avec ma fille, cela fait 25 ans que je ne l’ai plus revu. Elle a refait sa vie, coupé les ponts avec moi, elle m’a totalement rejeté et empêché de revoir ma fille chérie… Karolina a grandi, bien grandi… La semaine dernière, elle m’a téléphoné, je croyais que c’était de la publicité, j’ai failli raccrocher. Je n’arrivais pas à lui parler, tellement j’étais bouleversé de l’entendre ! Finalement, j’ai raccroché sans avoir pu sortir un mot… Elle a insisté et s’est contenté de faire un monologue pendant au moins une heure. Elle veut me revoir, en me le rappelant au moins une dizaine de fois. Mais j’ai honte de ce que je suis devenu, je n’ai rien, je ne suis rien… et surtout je ne sais pas ce que je dois faire pour la revoir, l’inviter à manger mes pizzas surgelées au milieu de mon fatras ? L’emmener au restaurant ? Quel restaurant ? Comment je dois m’habiller ? »

Emu par les larmes de Vladimir, je m’asseyais enfin sur mon siège, l’écoutais soliloquer toute la soirée durant, de ses craintes et espoirs. Je l’aidai dans sa démarche, lui dit qu’il doit avoir confiance : « Si votre fille souhaite vous revoir après 25 ans de séparation, c’est qu’elle a besoin de vous, soyez vous-même (en un peu moins sévère peut-être) et tout se passera bien ! ». Finalement, je passai une très bonne soirée et découvrit le véritable Vlad derrière son armure et son bâton. Nous eûmes quelques moments joyeux et arrosés, je les garderai à jamais dans mon bric-à-brac de souvenirs.

Le lendemain, au départ d’une nouvelle matinée à cravacher, je tendis la main au Vladimir de la veille au soir, mais c’est le vieil entraineur grincheux qui me répondit avec sa verve agressive habituelle. Je lançai mon pédalage en souriant intérieurement.

Tour du Danemark
THC – 1 au 5 août

Coureurs engagés : Tomasz Morczynski (82), Piotr Zuelinski (82), Maciej Bodnar (81), Jaroslaw Banaczek (82), Waldemar Ksiezyc (79), Piotr Krysmun (83)

Etape 1 – Plaine
La victoire revient à : 1 Thijs Van Amerongen CCC POPOL 3h59'47
et les meilleurs bisons se sont classés : 5 Piotr Zuelinski SAPRISTI s.t.

Etape 2 - Plaine
La victoire revient à : 1 Romain Faillu ANNA SAVON - CAFE MAKO 4h50'55
et les meilleurs bisons se sont classés : 11 Piotr Zuelinski SAPRISTI s.t.
A noter : Marczynski non partant pour se rendre à la Polynormande

Etape 3 - CLM
La victoire revient à : 1 Andrei Konitski CCC POPOL 1h10'01
et les meilleurs bisons se sont classés : 8 Maciej Bodnar SAPRISTI + 4'00

Etape 4 – Plaine
La victoire revient à : 1 Thijs Van Amerongen CCC POPOL 4h27'12
et les meilleurs bisons se sont classés : 63 Piotr Zuelinski SAPRISTI s.t.
A noter : Bodnar non partant

Etape 5 - Vallonnée
La victoire revient à : 1 Benoit Vaugrenard BOBO TELECOM 4h41'37
et les meilleurs bisons se sont classés : 38 Piotr Zuelinski SAPRISTI + 2'16

CLASSEMENT FINAL
La victoire finale revient à : 1 Andrei Konitski CCC POPOL 19h09'59
et les meilleurs bisons se sont classés : 56 Piotr Zuelinski SAPRISTI + 10'26


Une affiche du véritable Musée du communisme de Prague.

Joli !

Dommage que tu ne poste pas ton récit sur d'autres forum, cela te ferais plus de lisibilité

Merci !

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Journal intime de Seweryn Szymaszek

9 août 2012
Un séminaire de relaxation

Vuelta a Burgos
THC – 5 au 9 août – objectif sponsor

La veille du voyage vers l’Espagne, le manager, lui-même occupé à des occupations personnelles, a décidé de nous envoyer dans une sorte de cure de relaxation collective, un séminaire de conciliation, un genre de truc qui ne ressemble à rien et qui mélange la détente physique, la gestion du stress et les jeux de rôle dans le but d’apaiser les tensions internes au collectif.

Bien entendu, sans l’avouer explicitement, cette journée avait pour objectif d’améliorer les relations entre les deux leaders de l’équipe, Marczynski et Kemar. La présence neutre de néo-pros, dont Sebastian et moi, devait sans doute permettre d’empêcher tout dérapage verbal des deux hommes. Les organisateurs consacrèrent la matinée à un mélange de massage et d’hammam, ma foi pas désagréable. Quand je lui ai raconté, Edyta était verte de jalousie ! Rien que pour voir sa tête, ça valait le coup.

En revanche, l’après-midi me mit mal à l’aise. Il convenait de faire des exercices de gestion de stress, des mises en situation d’engueulades, des travaux sur les réactions convenables à adopter dans un collectif, etc. Timide, mon jeu d’acteur était médiocre, voire pénible. Par ailleurs, tout le monde connaissait l’objectif de l’exercice, qui puait l’hypocrisie entre deux ennemis déclarés. Alors, voir Kemar et Marczynski jouer à tu-me-tiens-par-la-barbichette en s’assassinant du regard, c’était plutôt limite. L’organisateur, voyant qu’aucun des deux protagonistes n’avait la moindre esquisse de sourire, essaya vainement d’égayer l’exercice par quelques petites boutades, puis, refroidi par l’atmosphère, il abandonna rapidement la partie…

Nous sommes parti en Espagne le soir, le minibus a montré des signes de fatigue inquiétants, mais nous a menés à bon port. L’objectif du sponsor consiste à remporter le classement du meilleur grimpeur.

Coureurs engagés : Tomasz Morczynski (86), Mateusz Kemar (85), Lukasz Budnar (89), Michal Gulas (89), Sebastian Lenczewski (94), Seweryn Szymaszek (92)

Etape 1 – Plaine
La victoire revient à : 1 Xavier Flurencio EUSKALTEL - EUSKADI 3h46'35
et les meilleurs bisons se sont classés : 14 Mateusz Kemar SAPRISTI s.t.

Etape 2 - Vallonnée
La victoire revient à : 1 Mateusz Kemar SAPRISTI 3h48'07
et les autres meilleurs bisons se sont classés : 25 Tomasz Morczynski SAPRISTI + 2'33
Conformément à la tactique adoptée, Kemar a profité de son statut de joker et attaqué au départ de cette étape comportant le plus de points au classement de la montagne. Il assura le maillot et, grosse cerise sur le gâteau, remporta l’étape. Marczynski fit un peu la moue en arrivant, mais en professionnel, félicita son collègue pour ce grand pas accompli dans le cadre de l’objectif du sponsor.


Etape 3 - CLM
La victoire revient à : 1 Luis León Sánchez FUJI - SERVETTO 18'53
et les meilleurs bisons se sont classés :
22 Lukasz Budnar SAPRISTI + 46
29 Tomasz Morczynski SAPRISTI + 56
70 Mateusz Kemar SAPRISTI + 1'30

Etape 4 – Montagne
La victoire revient à : 1 Beinat Valencia ANDALUCIA - CAJASUR 3h31'34
et les meilleurs bisons se sont classés :
37 Tomasz Morczynski SAPRISTI + 1'38
64 Mateusz Kemar SAPRISTI + 4'45
Marczynski, en finissant avec le peloton des favoris dans le même temps que le 10ème, mit un point d’honneur à doubler Kemar au classement général. Il en allait de sa fierté de coureur.

Etape 5 - Plaine
La victoire revient à : 1 Markus Eobegger ALK HAUS 1h56'50
et les meilleurs bisons se sont classés : 24 Mateusz Kemar SAPRISTI + 1'59

CLASSEMENT FINAL
La victoire finale revient à : 1 Marcel Wyss CAR&VELO TEST TEAM 13h25'46
et les meilleurs bisons se sont classés :
13 Tomasz Morczynski SAPRISTI + 3'19
19 Mateusz Kemar SAPRISTI + 4'01


Kemar et Marczynski se tiennent par la barbichette.

J'aime beaucoup, vraiment super, j'ai passé deux bonnes heures à lire d'une seule traite ton récit, et je n'ai pas été déçu, du tout. On accroche c'est sure! Beaucoup d'humour aussi . Dommage que la partie Récits / Stories du forum soit moins fréquentée qu'il y a 2 - 3 ans . Continue comme ça! J'espère reposter sur ton récit rapidement. Et voir d'avantages de commentaires, largement mérités.

Merci Fufu ! j'ai encore qqs textes sous la main, mais n'ai pas trouvé la motivation pour attaquer l'année 2013...

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Journal intime de Seweryn Szymaszek

15 août 2012
Un mauvais pressentiment

Tour de l’Ain
T1 – 10 au 13 août

Ce Tour de l’Ain commença sous les plus mauvais augures. Dans le minibus, je m’assis sur le siège du conducteur en grognant, c’était mon tour de corvée, 1 700 kms entre Varsovie et la Bresse sous une chaleur à crever… Lorsque je tournai la clé, le véhicule ne broncha pas. Interloqué, je recommençai la manœuvre, sans succès. Depuis plusieurs jours, il laissait quelques signes de faiblesse, aujourd’hui, le vieux van Skoda refuse de quitter ses terres. Ce matin-là, le manager LeRat ressentait une douleur au bras gauche et un étouffement dans la poitrine. Sous les conseils appuyés de notre leader Marczynski, le bigboss accepta de se rendre dans un hôpital, assurant qu’il nous rejoindra par le prochain train. Il faut croire que le minibus a voulu imiter son maître, c’est en tout cas ce que nous imaginions joyeusement lorsque le train nous emmena vers la France.

Tomasz Marczynski, lui, observait le paysage défiler derrière sa vitre, en silence, la mine grave. Je m’assis donc à ses côtés et le rassura sur l’état de santé du chef. « J’espère Sew, j’espère qu’il ira mieux, me répondit-il. J’aimerais le croire, mais son cœur m’inquiète beaucoup. Cela fait une éternité qu’il ne prend plus soin de lui, il boit beaucoup, il fume encore, il travaille trop… Et puis, il y a cette histoire d’hypothèque qui lui courre après… » Je m’enquis au sujet de ce dernier point. « Tu te rappelles quand ces enfoirés de Zubrowka nous ont mis la pression en février ? Bon, LeRat avait parlé de 10 victoires à obtenir dans l’année, ce qui n’apparait pas dans les objectifs officiels du sponsor, tu te souviens ? Ces 10 victoires ont été imposées au manager, Zubrowka s’est servi des dettes du boss pour le menacer de saisir sa maison si l’équipe ne les remportait pas. En gros, si nous ne réussissions pas à lever les mains 10 fois, LeRat se retrouverait SDF… »

« Pourquoi il ne nous en a pas parlé ? Parce que cela n’aurait rien changé, parce qu’il avait honte de cette situation. Le problème, c’est que, contrairement à son habitude, il a beaucoup intériorisé, il a tout gardé en lui, sa peur, sa colère, et là, son corps lui dit stop ! Tu comprends ? il est au bout du rouleau ! J’ai un mauvais pressentiment, je devrais rester avec lui, ça fait chier ! »

Coureurs engagés : Tomasz Morczynski (88), Sebastian Lenczewski (92), Jaroslaw Banaczek (90), Waldemar Ksiezyc (91), Seweryn Szymaszek (94), Piotr Krysmun (90)

Etape 1 – Vallonnée
La victoire revient à : 1 Giampaolo Cheula ANNA SAVON - CAFE MAKO 3h38'04
et les meilleurs bisons se sont classés : 7 Tomasz Morczynski SAPRISTI s.t.

Etape 2 - Plaine
La victoire revient à : 1 Francesco Gavazzi MOCHE - GOLD CROSS 3h05'56
et les meilleurs bisons se sont classés : 12 Tomasz Morczynski SAPRISTI s.t.

Notre leader Marczynski a appris que le manager LeRat ne s’était pas rendu à l’hôpital comme il le lui avait promis. Tomasz était fou de rage ! Il voulait rentrer immédiatement en Pologne mais les membres de l’équipe l’ont convaincu de rester, sa « place est ici » !

Etape 3 - Montagne
La victoire revient à : 1 Jure Gelcer LRP BRAKES FORTASSE VINI 3h55'04
et les meilleurs bisons se sont classés : 19 Tomasz Morczynski SAPRISTI + 1'32

Etape 4 – Vallonnée
La victoire revient à : 1 Jaume Rovira Pous ANDORRA - GRANDVALIRA 3h15'32
et les meilleurs bisons se sont classés : 8 Tomasz Morczynski SAPRISTI s.t.

CLASSEMENT FINAL
La victoire finale revient à : 1 Jaume Rovira Pous ANDORRA - GRANDVALIRA 13h54'35
et les meilleurs bisons se sont classés : 9 Tomasz Morczynski SAPRISTI + 1'33

Quelque secondes après l’arrivée de l’ultime étape, Marczynski prit un train sans nous attendre pour rentrer à Varsovie.


La Bresse en coup de vent.

Et du suspense en prime...

Journal intime de Seweryn Szymaszek

25 août 2012
Un drame familial

Le boss a eu une attaque ! un grave infarctus ! C’était il y a quelques jours, à notre retour de France. Tomasz Marczynski, impatient durant cette semaine de course, retourna en Pologne par le premier train. Il téléphona plusieurs fois au manager, mais tombait continuellement sur sa messagerie. Arrivé à Varsovie, il se précipita chez LeRat et le trouva au sol, inanimé, grimaçant, sa main étreignant son cœur… Un dernier fil le rattachait encore à la vie, l’ambulance ne tarda pas et l’emmena à l’hôpital en urgence. Son opération se passa bien mais le vieil homme se trouve à présent dans le coma, dans l’incertitude d’une bonne étoile ou d’une mauvaise fortune…

Marczynski est totalement effondré. Il devait se rendre au Regio Tour, autant dire que personne n’a osé lui demander de se lever du chevet du manager. L’équipe resta pendant quelques jours à la fois abasourdie et égarée. Sans LeRat, ni Marczynski, il lui manquait ses leaders sportifs et spirituelles, il lui manquait son âme… La maison s’écroulait et seul le capitaine de route Bodnar tenta d’y remettre un peu d’ordre, en rappelant les courses à préparer, les entrainements à effectuer, les repas à prendre ensemble, les billets de train à prendre, le minibus à faire réparer, etc. Ce que je ne compris pas, c’est que Maciej respecta le retrait de Marczynski alors que c’est au rôle de ce dernier de remettre l’équipe sur les bons rails.

Je me rendis à l’hôpital pour prendre des nouvelles du boss. Comme prévu, je retrouvais Marczynski. « Non, il ne va pas mieux, son état est stable, mais c’est gentil de passer Sew, c’est sympa… ». Tout à coup, la main du manager trembla par à-coups, le regard de Tomasz s’éveilla, il appela de l’aide dans le couloir. Une infirmière arriva et examina le patient à peine animé. « Non monsieur, il ne se réveille, il s’agit d’un stade classique du coma. Je suis désolé, monsieur », dit-elle en quittant la chambre. Marczynski scruta la main du vieil homme en quête d’un réveil impossible.

Une larme apparut sur son visage. « J’avais ce pu%ain de pressentiment, pourquoi je suis parti ?! pourquoi j’ai fait cette stupide course ?! je suis con, je suis trop con !!, s’étouffa-t-il la gorge serrée. Quand je suis revenu à Varsovie, j’étais tellement paniqué de ne pas avoir de réponse de sa part que je courrais comme un fou furieux dans la rue, je renversais des hommes, des femmes, des enfants, sans m’excuser, je n’avais qu’une idée en tête : le voir avant qu’une terrible chose n’arrive… Lorsque j’ai ouvert la porte, j’ai vu son horrible visage de souffrance, je croyais qu’il était trop tard, j’ai crié et pleuré en même temps ! Après quelques secondes à m’insulter au-dessus de son corps, je me suis aperçu qu’il n’était pas tout à fait mort, qu’un léger souffle de vie le retenait encore parmi nous… J’avais ce pressentiment, pourquoi je suis parti ? »

Pendant son monologue, j’avais pris sa main et l’écoutais cérémonieusement. Quelque chose m’échappait, je ne pus retenir ma curiosité mal placée. « Mais pourquoi lui ? C’est parce qu’il t’a découvert et montré ton potentiel que tu lui es si reconnaissant ? » Il me dévisagea avec ses yeux embrumés et rouges, eut de la peine à sortir ces mots de son cœur : « C’est mon père. »

Je me mis à pleurer avec lui.

Rothaus Regio-Tour
T1 – 20 au 24 août

Pas vraiment remise de l’accident du gros manager, l’équipe se rend néanmoins en Allemagne pour le Regio Tour, composé d’étapes de plaine. Bodnar mène la troupe en professionnel, j’admire son sens des responsabilités et de l’organisation.

Etape 1 – Plaine
La victoire revient à : 1 Mark Renshaw TEAM COLUMBIA - HIGH ROAD 4h02’50
et les meilleurs bisons se sont classés : 65 Seweryn Szymaszek SAPRISTI s.t.

Etape 2 - Plaine
La victoire revient à : 1 Sebastian Siedler VORARLBERG - CORRATEC 3h53’17
et les meilleurs bisons se sont classés : 52 Seweryn Szymaszek SAPRISTI s.t.

Etape 3 - Plaine
La victoire revient à : 1 Thijs Van Amerongen CCC POPOL 4h18'20
et les meilleurs bisons se sont classés : 27 Maciej Bodnar SAPRISTI + 14

Etape 4 – CLM
La victoire revient à : 1 Dominique Cornu TOPSPORT FLANDRES 44'49
et les meilleurs bisons se sont classés : 2 Maciej Bodnar SAPRISTI + 14

Ultra motivé et désireux de montrer l’exemple, Bodnar obtient une très bonne seconde place. Il échoue de peu à remporter un succès pour Zubrowka, dont le nombre reste au chiffre de 8.

Etape 5 – Plaine
La victoire revient à : 1 Thijs Van Amerongen CCC POPOL 3h23'36
et les meilleurs bisons se sont classés : 73 Jaroslaw Banaczek SAPRISTI s.t.

CLASSEMENT FINAL
La victoire finale revient à : 1 Dominique Cornu TOPSPORT FLANDRES 15h24'09
et les meilleurs bisons se sont classés : 2 Maciej Bodnar SAPRISTI + 14

Et des rebondissements...

Journal intime de Seweryn Szymaszek

6 septembre 2012
Une apathie reprochée

Le manager LeRat ne s’est toujours pas éveillé, Marczynski à son chevet jour et nuit. Déprimé par cette situation, je viens régulièrement prendre des nouvelles de l’état de santé du père comme du fils. Parfois, j’y croise le vieux Vlad et sa fille, le médecin vétérinaire Ryszard ou les coureurs de l’équipe, parfois personne. Hier, j’étais seul avec Marczynski et mon aîné avait besoin de parler.

« C’était un bon coureur le vieux, tu sais. Il est resté pro quelques années et a gagné des courses mineures. Il a toujours été impulsif, extravagant, ça énervait ma mère. Heureusement, je tiens d’elle, me dit-il avec un clin d’œil et je ne pus m’empêcher de sourire. Il a consacré sa vie au vélo. Nous, nous passions au second plan, c’est comme ça, nous le savions et l’avions accepté. Ma mère est décédée à mes 13 ans, je lui ai promis de ne jamais faire de cyclisme sur son lit de mort... Hélas, mon père m’obligeait à pédaler jusqu’au dégout, tandis que je me rebellais. Nos relations devinrent houleuses et difficiles, jusqu’à ce que j’abdique devant sa persévérance. Il a néanmoins accepté de prendre un autre nom pour sa carrière de manager, je voulais prendre mes distances, au moins à titre symbolique. Sa grossièreté, ses lubies, ses provocations ne représentent finalement qu’une coquille pas très subtile. Même s’il est un peu… bizarre parfois, c’est un bon gars un peu naïf et un très bon coach. En définitive, ce n’est pas le père qui m’a élevé, mais l’entraîneur. »

Pendant que Marczynski restait à Varsovie, les jours passaient et les courses s’enchaînaient. Néanmoins, sans leader digne de ce nom, l’équipe multiplia les mauvais résultats lors de la Coppa Bernocchi, Trophée Melinda, Giro del Veneto et Coppa Placci entre fin août et début septembre. Ces nouvelles alertèrent le sponsor Zubrowka dont l’émissaire féminin rappela au groupe la nécessité d’obtenir 10 victoires en 2012, ce qui lui permettrait ainsi de « devenir une équipe enfin digne de son prestigieux nom ».

Devant la désinvolture des coureurs présents, elle se rendit auprès de Marczynski à l’hôpital de Varsovie pour lui rappeler ses devoirs de leader. Elle entra sans frapper à la porte et s’adressa à Tomasz sans même un regard pour son père dans le coma. Marczynski, surpris par cette apparition soudaine, observa la jeune femme bouche bée. Elle n’avait pas achevé son discours lorsque son interlocuteur se leva d’un coup, la prit par le bras fermement et l’envoya dans le couloir sans douceur. « La prochaine fois, vous frappez à la porte, vous entrez et vous saluez toutes les personnes présentes dans la pièce ! Merci, au revoir ! » Elle ne revint plus à l’hôpital.