TDF Etape 17 Bagnères de Luchon – PauOn voulait remporter une victoire d’étape autre qu’au sprint avec
Cavendish, ou en CLM avec
Martin, et c’est maintenant fait grâce à
Monfort. On n’a donc pas d’autre objectif aujourd’hui que de protéger
Rogers, de l’aider à limiter la casse face aux grimpeurs.
On ne sait pas trop à quoi s’attendre aujourd’hui… un menu copieux, avec de grands cols : Peyresourde, Aspin, Tourmalet, Aubisque. Mais le sommet du dernier est à 60 km de l’arrivée. Va-t-on avoir une grande bagarre pendant toute l’étape, ou les leaders estimeront-ils que l’arrivée est trop loin du dernier sommet pour créer des écarts ?
Le public aimerait évidemment voir une grande bagarre, mais nous, on espère plutôt que personne ne bougera, ce qui permettra à
Rogers de ne pas perdre de temps, et à
Cavendish de finir dans les délais. Et à la vue de l’étape d’hier, escamotée par les favoris, on pense qu’il y a des chances pour que
Rogers puisse s’en tirer sans trop de casse.
Mais ça commence mal. Dès les premiers kilomètres de la montée de Peyresourde,
Cavendish souffre. Il est en queue de peloton, et sera un des premiers lâchés, avec Augé.


Au tout début de la descente… chute de
Cavendish ! Heureusement, sans gravité, mais il perd encore du temps. On s’affole…
Cavendish revient sur Augé, et je demande à
Grabsch et
Eisel d’attendre
Cav pour rouler avec lui et ne pas terminer hors-délai.
Grabsch,
Eisel, Augé et
Cavendish font ce qu’ils peuvent pour recoller, mais ils sont loin. A 132 km, ils accusent déjà un retard de 8’50 sur la tête. Gros boulot de
Grabsch et
Eisel, qui donnent tout ce qu’ils peuvent pour leur leader.

Les 4 récupèrent Klier et Pichot.
Les 6 reviennent sur Ista et Drujon.
A l’avant, Chavanel est à l’attaque, avec Veikkanen et Gutierez. Une 2° victoire pour un français sur ce tour, après Pineau ? Chavanel est intrinsèquement le plus fort des trois, il a le maillot de champion de France sur les épaules, le public exulte, la victoire française, c’est pour aujourd’hui ! Sauf que ce qu’on craignait arrive, Andy Schleck attaque, tôt, dans la descente du Tourmalet, rejoint Veikkanen, Chavanel et Gutierrez, ils ont 1’00 d’avance sur le peloton. Ce qu’on craignait, parce que si la bagarre se déclenche tôt, ça ne fait pas du tout les affaires de
Cavendish à l'arrière et
Rogers à l'avant.
On demande à
Saramotins de s’arrêter pour attendre le groupe
Cavendish, il y a péril en la demeure, les écarts risquent d’être énormes.
A 100 km : le groupe
Cavendish a 14 minutes de retard
A 80 km : ils rejoignent un groupe de 9 autres attardés.
Grand numéro d’A. Schleck, dans la montée de l’Aubisque, alors qu’il reste 13 km avant le sommet, il a pris 5 minutes au peloton des favoris. Il était ce matin 11° à 3’30 de Contador, le voilà virtuellement maillot jaune ! Le public n’aura sans doute pas la victoire française qu’il espérait, mais il est tout de même ravi par le panache d’Andy Schleck. Nous, moins…

Andy Schleck en solitaire
A l’arrière, on se retrouve dans un gruppetto de 46 coureurs. Puis de 65 à 7 km du sommet. Ils ne vont tout de même pas éliminer 65 coureurs !
Au sommet de l’Aubisque, Andy Schleck a 6 minutes d’avance sur Contador et le peloton des favoris ! Et plus d’une demi-heure sur le gruppetto
Cavendish…
Le groupe Contador est emmené à un bon train par les Astana, personne ne peut placer d’attaque dans la montée. Pourtant, Andy Schleck creuse de très gros écarts.
Monfort et
Sivstov sont décrochés, il ne reste plus que
Martin, à la limite de la rupture, pour aider
Rogers.

Chute de Plaza Molina dans le groupe des leaders.

Plus de peur que de mal, il se relève rapidement.
Les suiveurs sont déjà en train de se demander si Contador a perdu le tour… mais il reste près de 60 km de descente et de plat. Les Astana ont du mal, mais ils peuvent compter sur tous les favoris et leurs équipiers dans ce groupe d’une trentaine de coureurs, qui se mettent à la planche pour réduire l’écart sur A. Schleck. Tous, sauf nous. On n’a aucun intérêt à durcir la course et augmenter l’allure, on ne veut pas prendre le risque de voir
Cavendish finir hors-délai. On préfère encore que
Rogers perde une place et se retrouve 11° derrière Andy Schleck plutôt que de voir
Cavendish éliminé, et tous nos rêves de maillot vert envolés.
Contador lui-même roule, en compagnie des leaders du classement général. L’écart avec Andy Schleck diminue de façon spectaculaire, le jeune luxembourgeois a sans doute présumé de ses forces. Et finalement, les leaders reviennent dans les 10 derniers km sur Andy Schleck !
Les mêmes qui vantaient son panache quelques minutes plus tôt dans la montée de l’Aubisque diront qu’il n’a pas bien couru, qu’il aurait dû savoir que les 60 km de descente et de plat ne lui permettrait pas de gagner du temps sur ses adversaires. Au moins, il aura essayé.
Tout le monde a bossé dur pour revenir sur Andy, à part les Saxo Bank, bien entendu (Franck Schleck et Richie Porte sont dans ce groupe), et
Rogers. L’australien a encore pas mal de jus, il est un des tous meilleurs rouleurs de ce groupe, il tente sa chance à 3 km de l’arrivée.

Attaque de Rogers
Ses qualités de rouleur lui permettent de maintenir un petit écart, et…
Rogers remporte l’étape !

L’australien termine 8 secondes devant ses adversaires, ce n’est pas grand-chose, mais c’est toujours ça de pris.
Après la victoire de
Monfort hier, la dernière des choses à laquelle on pensait aujourd’hui, et surtout à la vue du parcours, c’est une nouvelle victoire pour l’équipe. Mais les circonstances de course ont été telles qu’elle a été rendue possible. Notre 7° victoire sur le tour, on fait mieux qu’en 2009 avec les 6 victoires de
Cav !
Cav, justement… quand
Rogers franchit la ligne, le gruppetto
Cavendish, de maintenant 25 coureurs, est encore à 30 km de l’arrivée.
Cavendish remercie ses équipiers pour le formidable boulot qu’ils ont fait pour lui aujourd’hui, et, puisqu’il lui reste encore quelques forces, part rejoindre un autre groupe. Il sprintera même à l’arrivée, pour être sûr de ne pas finir hors des délais. Heureusement, il n’y aura pas d’éliminés aujourd’hui, tout le monde finit dans les délais. Le dernier, Niki Terpstra, passe la ligne à 52’16 de
Rogers.
Un jour vraiment étrange pour nous. On est passé par tous les sentiments. De la crainte, la peur, l’affolement, à la plus grande joie. Cette étape qui aurait pu être catastrophique, avec l’élimination de
Cav et
Rogers lâché dans l’Aubisque par des attaques incessantes des adversaires de Contador, se termine de la plus belle manière qui soit.
Le seul bémol… c’est qu’on sent bien que l’on commence sérieusement à agacer les autres équipes. Que
Cavendish remporte la majorité des sprints, c’est déjà pas évident pour eux, mais si en plus
Monfort et
Rogers viennent gagner des étapes, ça commence à faire beaucoup pour une seule équipe…
Etape :1.
Rogers (HTC)2. Contador (AST) 8’’
3. Sanchez (EUS)
4. Basso (LIQ)
5. Porte (SAX)
6. Rodriguez (KAT)
7. Nibali (LIQ)
8. Klöden (RSH)
9. Evans (BMC)
10. Brajkovic (RSH)
Tous les leaders finissent dans ce groupe. Pas de changement notable au général,
Rogers est toujours 10°, même s’il reprend 8 secondes. Pas de changement dans les classements annexes.
Général :1. Contador (AST)
2. S. Sanchez (EUS) 22’’
3. Basso (LIQ) 26’’
4. Rodriguez (KAT) 1’04
5. Arroyo (GCE) 1’32
6. Evans (BMC) 2’21
7. Wiggins (SKY) 2’32
8. F. Schleck (SAX) 2’34
9. Sastre (CTT) 2’35
10.
Rogers (HTC) 2’45
11. Hesjedal (GRM) 3’07
12. A. Schleck (SAX) 3’30
13. Peraud (OPL) 4’11
14. Nibali (LIQ) 7’35
15. Armstrong (RSH) 8’17