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[Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro - fini !

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LeRat

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Re: [Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro

Message18 Août 2014, 09:38

Merci !

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Journal intime de Seweryn Szymaszek

18 juin 2013
L’appel du 18 juin


Les tourments et le doute ne déssérèrent pas leurs liens sur mon esprit du retour vers la Pologne. Mes amis disposaient davantage de recul et de philosophie, ils me soutenèrent sans s’en amuser, pour une fois. La lumière éclatante de Varsovie ne raviva pas la vague flamme d’espoir qui eut pu vivoter quelque part au fond de mon cœur… Le lendemain, je reprenais le coaching éprouvant de Vlad sans rage, ni envie. Je commençai peu à peu à admettre l’évidence, il faudra témoigner et mettre un terme à ma micro carrière pro. Ce sacrifice me déprimait d’autant plus que Sebastian brillait au Grand Prix International CTT Correios de Portugal, en terminant 8ème du général. Mon camarade néo-pro m’intima pourtant de m’abstenir, « pas avant d’avoir tenté l’impossible pour découvrir un document accusant le manager ». Ainsi, pendant son absence à l’autre bout du Vieux Continent, il me proposa un plan B, aussi naïf qu’inutile.

Je me rendis donc au quartier général des bisons proche du siège social de la firme. En toute innocence et sans conviction, je saluai Li Mei dans le bureau administratif et lui soumis une requête : « Il me semble que Jozef doit fêter son 19ème anniversaire dans quelques jours, les copains et moi, on aimerait lui faire une petite fête surprise. Est-ce que je pourrais jeter un coup d’œil à l’agenda de ses courses pour être sûr de mon coup ? ». La jeune polonaise d’origine asiatique, vaquant à d’autres occupations et à la limite du dédain, tourna l’écran de son ordinateur et me montra la fiche de mon camarade néo-pro. Je photographiais du regard ses coordonnées et remercia l’intendante. Alors que je m’éloignais prudemment, l’amante de Michal Gulas m’interpella avec suspiscion : « Hé, Szymaszek ! Vous avez vu ? L’anniversaire de Golec, c’est dans 3 mois ! ». Découvert, le souffle court, je me retournais doucement et bredouillai : « Euh… ah oui ? Bah, de toute façon, euh… j’aime bien m’y prendre très en avance pour préparer une fête d’anniversaire. Vous savez ce que c’est, prévenir les amis, la famille, le lieu, l’horaire, le repas, la musique, les ballons, les chips, machin, tout ça… ». Je soufflais ces derniers mots improbables en quittant le bureau administratif et m’éloignant à grand pas des gros yeux inquisiteurs de Li Mei.

J’appelai immédiatement Jozef, il décrocha d’une voix maussade. Après le blabla habituel, je lui proposai un rendez-vous pour boire un verre entre camarade, il prit un ton neutre et déclina. Surpris, je le rassurais sur mes intentions, « Tu sais, c’est dans ce bar près de la fac, y’aura plein d’étudiantes, allez ! ». Mais il n’avait pas le temps ce soir… Devant le blocage évident dont il faisait preuve, je décidais de jouer mon va-tout, « Ecoute Jozef, c’est toi qui m’a appelé à l’aide, ne fais pas semblant de ne pas te souvenir, c’était à la fin de cette course amateur où tu as fini à l’hôpital… ». Après un long silence, Jozef chuchota : « Merci Sew mais je n’étais pas dans mon état normal ce jour-là, j’ai dit n’importe quoi, laisse tomber, tout va bien maintenant ! ». Sa réponse me fit froid dans le dos, était-il de mèche à présent ? avais-je tout imaginé ? « Et pourquoi tu n’étais pas dans ton état normal ce jour-là, hein ? Je suis au courant de TOUT ! J’ai contacté un journaliste, il a besoin d’une preuve pour tout arrêter, J’AI besoin d’une preuve ! Alors tu ne seras plus un cobaye et tu pourras courir comme tout le monde. Bon sang, aide-moi à t’aider ! ». J’entendis un hoquet d’émotion étreindre mon interlocuteur au terme de ma déclaration. Soudain, au bout du fil, je distinguais la voix du médecin de Zubrowka s’inquiéter pour Jozef, qui lui répondit brièvement. Puis il s’adressa à moi : « Ecoute Sofia, je t’ai dit que je ne voulais plus que tu m’appelles, c’est fini, tu m’entends ? Fini ! ». Il raccrocha.

Inutile de le rappeler, il avait l’air continuellement entouré d’un membre du staff de Bruyneel, comment le contacter dans ces conditions ? Au moment de ranger mon portable dans ma poche, celui-ci vibra. « Doc absent de son bureau de 12h à 13h pour resto, session PC allumée, accès messagerie pro sans mot de passe, j’efface ce sms, nous n’avons pas discuté, merci… ».

Mode espion ON

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Le prétexte bidon…
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LeRat

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Re: [Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro

Message27 Août 2014, 08:44

Journal intime de Seweryn Szymaszek

22 juin 2013
L’infiltration


L’antenne médicalisée de l’équipe se trouvait à quelques rues du siège. La veille du jour J, Weronika, Edyta et moi avions investi un bar offrant une vue idéale sur l’entrée du bâtiment. J’avais discrètement pointé le médecin de l’équipe lors de sa sortie pour déjeuner afin que mes voisines connaissent son visage. Ma sœur le suivit –à mon grand désespoir- avec sa tenue indécente, je lui avais demandé de l’invisibilité, elle imposa son ensemble mini-short débardeur moulant que la chaleur du jour justifiait à peine. Weronika et moi avions vérifié qu’aucun tiers ne venait pendant l’absence du médecin. Nous étions prêts, tout allait marcher comme sur des roulettes.

Le lendemain, ma sœur et mon amie se postèrent dans le même bar à la même table que la veille, ce qui les obligea à s’assoir aux côtés de deux hommes bedonnants et ravis. Le médecin des bisons sortit comme tous les jours vers 12h. J’attendis 5mn, tentai de calmer ma peur en inspirant prodondément et quittai mes camarades en tremblant à moitié. Avant d’entrer dans le bâtiment, je jettai un dernier coup d’œil en arrière en quête de soutien et aperçut les voisins de table discuter avec de grands sourires à Weronika et Edyta. Occupées à rembarrer les propositions de leurs nouveaux amis, elles ne virent pas mon signe d’au revoir. Un brin terrorisé, j’ouvris la grande porte, entrai dans une sorte de hall d’accueil d’un grand cabinet médical. Edyta insista pour que je prenne rendez-vous avec un urologue, j’avais une heure d’avance mais la secrétaire enregistra mon arrivée sous un faux nom et indiqua les toilettes à ma demande. Je profitais de ce prétexte pour visiter les couloirs blanc et désert à cette heure propice. Après plusieurs minutes interminables, je découvrais enfin la section sport de la clinique privée, une porte indiquait le nom du médecin des bisons. Tout à coup, j’entendis un bruit de pas approcher au détour du couloir. Sans réfléchir, j’ouvris le bureau et entrai. Appuyé contre la porte, je balayai la pièce d’un regard alarmé. Rassuré par le doux bruissement du PC, j’entendis un homme passé dans le couloir. Quelques secondes plus tard, j’investis le bureau informatique, secouai la souris, ouvris la fenêtre de la messagerie et fouillai les messages reçus. Il était 12h17, il me restait une trentaine de minutes pour sauver ma carrière de cycliste.

Je constatais que le médecin et Bruyneel correspondait énormément, ce qui rendait la tâche très complexe. Certains mails comportaient des codes douteux que je ne parvenais pas à déchiffrer. 12h31, je commençais à désespérer, des tonnes de mails codés et le reste inintéressant… 12h39, je consulte les messages envoyés, même constat. 12h44, je découvre un répertoire A EFFACER et constate qu’il reste 3 messages, sans même les lire, je les transmets à ma messagerie intermédiaire, j’efface ces 3 mails envoyés et les supprime de la corbeille. Au même moment, je sursautai en sentant tout à coup la vibration de mon portable. Je décrochai : « Sew, dégage tout de suite, le doc et Bruyneel se pointent à toute vitesse !! désolé, les 2 relous nous ont perturbé, on les a aperçu au moment où ils entraient dans la cliniq… ». J’avais raccroché. Mon cœur s’arrêta, j’étais pétrifié sur le bureau, incapable de bouger.

Une seconde plus tard, j’entends deux voix reconnaissables approcher dans le couloir ! Bruyneel évoquait l’inefficacité d’un produit et parlait sèchement à son interlocuteur. Pris d’un tremblement panique, je regardai la fenêtre et constatai que son ouverture ne permettait pas à un homme de passer. Alors que la poignée de porte du bureau se tournait, je me jettai derrière son entrebaillement. Absorbés par leur conversation, le médecin et le manager n’ouvrirent l’entrée que d’une vingtaine de centimètres. Par l’interstice vertical, je voyais avec horreur Bruyneel réprimer sa colère. « Ecoute, tu as intérêt à faire vite avec ce produit, ça n’a pas marché avec les autres, je veux des résultats maintenant ! Il faut qu’on passe en phase active dans les 30 jours, sinon… ». Soudain, un bruit sourd dans une pièce voisine interrompit la conversation. Par le silence et le jeu de regard qui suivèrent, ils saisissaient que le lieu était mal choisi pour discuter de la sorte. Le médecin referma alors son bureau, « C’est Jozef… il a dû encore tomber… », il ouvrit une nouvelle porte puis la referma, je n’entendis plus la suite des débats. Ne sachant s’il fallait remercier Jozef ou le dieu du vélo, je refermai le bureau du médecin, sortis du couloir au bord de l’apoplexie et affirmai à la secrétaire d’accueil qu’après 45mn d’introspection aux toilettes, il ne me semblait pas nécessaire de consulter un spécialiste. Constatant ma transpiration et mon regard paniqué, la jeune femme paraissait en douter, mais je ne lui laissai pas le temps d’argumenter.

Dans le bar, Weronika et Edyta m’invitèrent à boire quelques verres de vodka. Les jambes flageollantes et la gorge sèche, j’acceptai volontiers.

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Weronika, une espionne très discrète
Dernière édition par LeRat le 11 Sep 2014, 15:53, édité 1 fois au total.
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LeRat

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Re: [Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro

Message01 Sep 2014, 08:37

Journal intime de Seweryn Szymaszek

1er juillet 2013
La preuve ?


Je ne saisissais pas les documents joints aux trois mails transmis sur ma messagerie intermédiaire. Ils comprenaient de nombreuses chiffres et analyses chimiques, visiblement issus de prise de sang de Jozef Golec sur plusieurs semaines. Je ne pouvais les interprêter mais Pierre B, le journaliste free-lance, peut-être. C’est bien la prière que je fis en lui envoyant les documents depuis le cybercafé.

Pendant ce temps, ces derniers mois, la moisson des bisons se poursuivait : Mateusz Kemar, leader depuis le mois de mai, remportait le Circuit de Lorraine, le GP di Toscana, montait sur le podium du Tour de Picardie, du Tour du Luxembourg et du Grande Prémio Internacional CTT Correios de Portugal, tout en gagnant 3 étapes de ces courses par étapes. Enfin, récemment, Michal Gulas a pris la seconde place du championnat de Pologne sur route derrière l’intouchable Michal Kwiatkowski. L’équipe Zubrowka occupait désormais la 2ème position au classement Continental, place éligible à la montée en ProTour. Seb m’indiqua que tout le monde se mobilisait pour cet objectif majeur.

Pierre me répondit rapidement, il me conseilla brièvement de me préparer à un séisme chez les bisons. Je crois que l’article du journaliste va faire l’effet d’une douche froide…

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yojim

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Re: [Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro

Message01 Sep 2014, 11:01

Je viens de découvrir ton récit (roman) et j'adore.
Encore bravo et continue comme ça :)
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LeRat

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Re: [Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro

Message08 Sep 2014, 08:34

Merci Yojim !

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Journal intime de Seweryn Szymaszek

15 juillet 2013
L’assemblée générale


Un matin de juillet, Li Mei nous convoqua en urgence au siege de l’équipe, elle ne communiqua aucun ordre du jour. Pendant la nuit, Pierre m’avait transmis son article en exclusivité. Quelques heures plus tard, à l’aube, l’article parut dans un quotidien sportif français bien connu, son site web comprenait les extraits les plus explosifs. Lorsque Seb et moi reçumes le SMS directif de l’intendante, nous en connaissions la raison.

Avec une grande appréhension, je pris connaissance de la traduction de Weronika dans le bus qui m’emmenait dans le centre-ville. A la lecture de la version originale, j’étais rassuré que, ni mon nom, ni celui de Jozef n’apparaissèrent, heureusement la version polonaise me conforta amplement. Pierre innocentait les coureurs et leurs performances du semestre. A contrario, il accusait, preuve à l’appui, Bruyneel et son médecin de pratiquer des expérimentations non autorisés sur un jeune cobaye. L’analyse chimique démontrait clairement le caractère dopant des produits utilisés.

Habitant dans les faubourgs, Seb et moi arrivâmes parmi les derniers. La quasi-totalité de l’équipe participait à la réunion, il ne manquait que Jozef Golec… A contre-cœur, je m’asseyais sur le seul siège restant, au 1er rang, le soleil matinal m’aveuglait. Les discussions vives de mes collègues m’assurèrent de leur connaissance de l’article en question, des sites web polonais commençaient à se servir des versions anglaises pour proposer une traduction locale des accusations du journaliste. A mes côtés, Tomasz Marczynski, co-leader de l’équipe, semblait révolté, il me mit au courant de l’affaire, j’eus beaucoup de mal à feindre la surprise. Lorsque la porte de la direction s’ouvrit violemment, les bisons stoppèrent leurs discussions. Bruyneel, son staff et la direction de Zubrowka avançaient comme un seul homme vers nous.

Lorsque le manager belge prit la parole, le soleil éclatant ne me permit pas de le distinguer clairement, il était en contre-jour. Au contraire, lui devait voir parfaitement les traits de nos visages. Je compris instinctivement l’objet de l’assemblée générale, ce n’était pas une réunion, c’était un interrogatoire !

« Par le brouhaha que j’ai entendu en entrant, vous devez être au courant qu’un article odieux a paru aujourd’hui dans un journal français. L’article est signé par un pseudo-journaliste que je connais bien, c’est un fouille-merde, il s’est fait viré de son journal parce qu’il racontait des stupidités, ce gars serait capable de vendre sa mère pour vendre ses saloperies… Je ne sais pas où il a été inventé ses soi-disantes preuves, mais ce gars est un fou, un demeuré, ok ?! Surtout ne croyez pas ce qui est écrit ! c’est bullshit !
Alors, il est possible que ce dangereux individu prenne contact avec l’un d’entre vous, ou peut-être l’a-t-il déjà fait… (silence) Si c’est le cas, je vous en supplie, dites le nous, à moi, à Li Mei, peu importe, il ne faut pas qu’il nuise à l’équipe Zubrowka ! Si vous voulez que notre sponsor continue à nous rémunérer, si vous voulez monter en ProTour, il va falloir être propre, transparent et honnête les uns envers les autres. Alors ? est-ce que quelqu’un a quelque chose à nous dire ? »

Grâce à sa position de domination, je savais que Bruyneel étudiait le visage de chacun d’entre nous pour découvrir la taupe de l’équipe, celui qui aurait dérobé les fameuses preuves. Alors que le silence s’imposait dans la salle, je crus que le manager m’observait avec insistance, j’essayais de contrôler ma respiration et de ne pas déglutir, mais mon cœur commençait à défaillir… Alors qu’une goutte de sueur commençait à couler le long de ma tempe, une voix s’éleva soudain : « Oui, j’ai une question, moi ! Il est où Jozef ? pourquoi il ne fait jamais de course avec nous ? pourquoi on ne le voit jamais ? » Mon sauveur s’appelait Maciej Bodnar, il avait repris l’équipe en main suite au coma du manager LeRat, il avait de la gueule, et s’il n’était pas notre leader sportif, il l’était au sein du vestiaire. Il n’avait pas apprécié la reprise en main du groupe par Bruyneel, qui voyait en Maciej un concurrent interne potentiel.

Bruyneel semblait contenir sa haine : « Dis donc Maciej, ce sont des accusations que j’entends ? tu ne vas tout de même pas croire toutes les sornettes qui passent ! Tu ne crois pas que l’intérêt premier serait surtout de protéger l’équipe et de vous protéger, vous ! (il se calme) Puisque tu veux le savoir, Jozef suit un programme d’entraînement spécifique, ce sera un grand coureur, vous verrez ! Aujourd’hui, il est malade, c’est tout. ». Bodnar répliqua : « Et Sew ? pourquoi on ne le voit plus lui aussi ? ». « Szymaszek est présent aujourd’hui, pose lui la question ! », répliqua le manager. A ce moment, l’ensemble des regards convergèrent vers moi, j’aurais voulu me trouver sur une autre planète, je déglutis enfin : « Moi ? je… euh… je… ». Bruyneel me coupa en changeant de stratégie : « Sew a toute ma confiance, je l’ai préparé pour la fin de saison, il va vous surprendre ! ».

Mon voisin, Marczynski, se leva tout à coup et trancha dans le vif : « Jozef n’est pas malade aujourd’hui, c’est un mensonge. J’ai reçu un SMS de sa part ce matin, on ne l’a pas invité. Pourquoi ? ». L’hostilité du leader sportif des bisons surprit totalement le manager, il prit le temps de la réflexion avant de répondre d’un ton incertain : « Tomasz, es-tu certain que le message vient de lui ? tu ne penses pas qu’il y a de la manipulation quelque part pour nuire à Zubr… ». Pendant la réponse de Bruyneel, je vis le président de la firme faire un signe de tête à son intendante. Li Mei coupa aussitôt le manager : « Bien ! Nous vous remercions d’avoir pu venir à cette réunion d’urgence, vous comprenez que la situation est complexe, nous comptons donc sur votre soutien et votre solidarité pour surmonter cette épreuve. Bonne journée à tous ! »

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L’AG ressenti
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Re: [Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro

Message08 Sep 2014, 16:19

de mieux en mieux, et même si j'adore l'histoire tu crois que tu pourrais bientôt revenir sur le récite de quelques courses pas forcément beaucoup mais au moins pour en avoir un peu

continue c'est génial!!!
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yojim

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Re: [Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro

Message08 Sep 2014, 16:58

En fait plus je lis ton récit, plus je trouve qu'il ressemble à celui de deadisco (qui est juste énorme).

D'aillleurs, moi je trouve que cela change (en bien) d'avoir un récit où l'histoire est plus importante que la course, qui sert donc uniquement de trame de fond.
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LeRat

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Re: [Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro

Message10 Sep 2014, 10:11

Merci à tous les deux !

En principe, si je respecte la trame prévue, je devrais un poil revenir sur l'aspect course pour les flandriennes 2014. J'espère finir le récit pour noël, mais ce n'est pas toujours facile de rester motivé... :roll:

Je vais jeter un coup d'oeil au récit de deadisco que je ne connais pas.
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LeRat

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Re: [Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro

Message15 Sep 2014, 08:43

yojim a écrit:En fait plus je lis ton récit, plus je trouve qu'il ressemble à celui de deadisco (qui est juste énorme).
Je ne connaissais pas et en ai lu quelques extraits. Je dois bien reconnaitre que je n'arrive pas à la moitié du quart de ses doigts de pieds... C'est génialissime ! ;)
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LeRat

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Re: [Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro

Message15 Sep 2014, 08:49

Journal intime de Seweryn Szymaszek

18 juillet 2013
Les meilleurs leçons du manager LeRat


En hommage à l’immense et corpulent feu manager de Zubrowka, j’ai décidé de coucher sur papier les meilleurs conseils technico-philosophiques de M. LeRat.

Leçon # 6 : “Les medias, tu leur craches au visage ! ”

Malgré son jeune âge, Li Mei occupait un poste stratégique au sein de l’équipe des bisons : interlocutrice unique de notre sponsor, elle donnait les ordres, fixait les objectifs, transmettait les informations importantes, accueillait les nouveaux, propageait la bonne parole auprès des médias. Elle souriait, administrait, serrait les mains, ouvrait les portes, souriait encore, envoyait des mails, téléphonait sans cesse, répondait aux interviews, souriant encore et encore… Pour la première fois de ma vie, ce soir, j’ai vu Li Mei figer son sourire en un rictus de colère contenue.

La conférence de presse se déroulait dans un climat extrêmement houleux. Impassible, le regard fixe, le président de Zubrowka accompagnait notre attachée de presse d’origine coréenne, il se reposait entièrement sur la stratégie de com adoptée en amont et la répartie de son employée. Les questions fusaient en anglais, français, italien, allemand, le traducteur peinait à suivre le rythme en jonglant avec ces drôles de langues. Les journalistes les plus offensifs s’avéraient pourtant polonais, souvent ceux que nous connaissions le mieux. Ainsi, Rafal Janik, le reporter sportif de plusieurs quotidiens locaux de la capitale, qui suivait de près les exploits de bisons, déjeunait régulièrement avec le coach LeRat, son fils Tomasz Marczynski ou Mateusz Kemar, et nous encourageait sans cesse, se montra particulièrement virulant : « Enfin Li Mei, ne soyez pas naïve ! vous connaissiez Johan Bruyneel, le poids de son histoire chez les postiers. Le rapport de l’USADA était public, vous connaissiez les pratiques douteuses, les seringues dissimulées, les livreurs en moto ! Ne soyez pas naïve, Li Mei ! - sous réserve que les accusations se confirment- comment avez-vous pu croire un homme qui a menti pendant l’ensemble de sa carrière de manager sportif ? comment avez-vous pu l’embaucher ? comment même avez-vous pu y penser ?!! Allons, ne nous prenez pas pour des imbéciles, vous l’avez embauché pour son expérience particulière ! Vous étiez au courant, n’est-ce pas ? c’est évident !... »

Au fil de cette attaque, le sourire aimable et hypocrite qu’arborait Li Mei en présence de responsables, homologues ou journalistes, s’effaçait. Depuis les coulisses, je vis son teint s’empourprer, la veine de son cou apparaitre, ses mains trembloter, sa machoire se serrer et son regard lancer des éclairs de haine. Le traducteur acheva la translation de l’intervention, les journalistes étaient suspendus aux lèvres roses de l’administratrice, alors que son président poursuivait avec talent son imitation de la statue. Li Mei respira profondément, une éternité passa, elle répondit enfin d’une voix douce et lasse : « Rafal, tu as raison… je plaide couplable… Le contrat de Bruyneel était mon idée. Alors pourquoi lui ? Pour le bien de la firme. La montée en ProTour est notre objectif, il avait l’expérience, le talent, il a insisté sur la tranparence, l’honneteté, je l’ai cru. Je plaide coupable par naïveté, pas par cynisme. Si les faits sont avérés, sachez que je n’étais absolument pas au courant, et le sponsor non plus, c’est un fait ». Sa voix se craquela et ses yeux brillèrent peu à peu. Tout à coup, le président de Zubrowka se saisit de son micro et rassura notre administratrice : « Messieurs, je confirme les propos de Li Mei, ni elle, ni la direction de Zubrowka n’était au courant des agissements du staff de l’équipe, si les faits se confirment. Notre intendante est jeune et ambitieuse, c’est une qualité qui a ses défauts. Malgré cela, je la remercie publiquement de ses efforts immenses pour l’image et la reconnaissance des bisons, ainsi que de l’entreprise. Je lui accorde mon entière confiance aujourd’hui et demain. Merci messieurs, bonne soirée ! » Dans le brouhaha des journalistes sur le départ, on distinguait une tendance : Li Mei va se faire virer, c’est sûr.

Plus tard, au terme d’un rapide pot entre bisons, je m’apprêtais à quitter la salle de conférence vide, lorsque des pleurs m’attirèrent en contrebas. J'approchais de Li Mei avec prudence, elle me détestait, elle était donc capable des pires répliques sèches (quoique ma sœur…). « Ah c’est toi, Seweryn… tu m’as fait peur… » Elle essaya de sécher ses larmes et de remettre son armure de working girl froide. Pour l’en empêcher, sans réfléchir, je la pris dans mes bras avec douceur. Après un bref instant d’hésitation, Li Mei accueilla mon étreinte en pleurant à chaudes larmes. Quelques minutes plus tard, elle évoqua la demission qu’elle remettrait le lendemain, son passé d’attachée de presse dans une entreprise de lingerie, son licenciement pour vol, son attirance pour les machos et les inévitables conséquences malheureuses afférentes, ses positions sexuelles préférées, son amant et mon collègue Michal… Je ne comprends pas la faculté de certains à déballer leur vie intime. Son interminable et douloureuse (pour moi) confession dura près de deux heures ; à son terme, elle s’interrogeait sur l’épisode du jour, j’inventai : « Tu sais ce que disait LeRat sur les journalistes ? il faut leur cracher à la gueule ! Ils se croient supérieurs, ils te critiquent à tout va, tu t’en fous ! Ils font un métier de chiotte, c’est toi qui fait l’histoire, pas eux ! » Elle m’adressa un faible sourire : « Merci Seweryn. »

Le lendemain matin, elle présenta sa démission à son président, celui-ci déchira l’enveloppe sans l’avoir ouvert. Il tendit à Li Mei une pétition que nous avions tous signé pendant la nuit, nous exigions le maintien de notre administratrice à son poste, menaçant de notre démission dans le cas contraire. Nous l’attendions dans le local des bisons à Varsovie et avions pris des paris sur sa réaction. Li Mei arriva en milieu de matinée, elle nous salua comme s’il s’agissait d’un jour comme un autre, elle entra dans son bureau et accrocha au mur notre lettre de pétition entouré d’un joli cadre. Elle alluma son ordinateur et, voyant une vingtaine de regard la scruter au travers de la vitre, elle sortit et nous cria en souriant : « Dis donc messieurs ! ce n’est pas le moment de flâner, vous devriez être à l’entraînement ce matin ! Allez au boulot ! Toi aussi Michal ! et toi aussi Seweryn ! ». Je pris cela pour un merci.

Certes je n’ai jamais entendu notre ancien manager LeRat dire qu’il fallait cracher sur les journalistes, mais j’en suis certain, il en aurait été capable ! Alors je me permets de le consigner comme tel dans mon journal. En revanche, je suis inquiet : le fantôme de LeRat est-il en train de prendre possession de mon esprit ?!

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