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pas de souci, et merci !
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Journal intime de Seweryn Szymaszek
29 septembre 2013
Le doux son de la pluie toscane
C’était la coupure du Mondial, la fédération avait sélectionné Sebastian parmi les U23 polonais ! Dans le circuit exigeant de Florence, ses talents de punchers pouvaient faire mouche. Avec Weronika et Edyta, nous ne pouvions pas rater cet événement. Nous avons donc ‘emprunté’ le mini-bus des bisons et nous sommes relayés pour parcourir les 1 500 kms jusqu’en Toscane. Ma petite sœur, chauffeur de bus de profession, m’a obligé à rouler de nuit, je la soupçonnais de m’empêcher de profiter de la promiscuité avec Edyta, offerte par le lit improvisé à l’arrière du véhicule… Plombé par le sommeil, je me suis arrêté à 4h du matin sur une aire de repos, Weronika n’a pas voulu se réveiller, ni que je me joigne à mes deux voisines dans le lit, j’ai donc ravalé ma fierté et me suis endormi sur les sièges avant, le levier de vitesse dans le dos…
Le lendemain, j’ai réussi à bouder ma sœur pendant une matinée, mais, malgré la douleur dorsale, la bonne humeur d’Edyta m’a contaminée. A Florence, nous avons réservé un emplacement dans un camping, Weronika avait apporté une petite tente quechua, elle me la montra du doigt : « Toi dans la niche ! nous dans le bus ! », elle me quitta en tapotant mon crâne, « gentil toutou… ». Je levais les yeux au ciel et priais le soleil de percer ces foutus nuages.
Sebastian et moi avons testé le circuit pendant deux tours, relevé les pièges et les zones propices aux attaques. En effet, l’épreuve s’annonçait particulièrement difficile, avec ses deux côtes et nombreux virages sur un parcours dense. Au sein de la sélection polonaise, mon camarade avait carte blanche, il avait prévu de rester avec les favoris le plus longtemps possible et ciblé une place dans les 25 premiers.
Le jour J, ma sœur Weronika et ma copine Edyta s’étaient habillées en rouge et blanc, et avaient installé une large banderole au sommet du Fiesole : « Go Sebastian ! Punk attitude ! ». A chaque passage du peloton, les filles criaient comme des demeurées, puis elles dansaient au rythme de l’électro-funk, crachée par leur enceinte portable. Comme d’habitude, lorsque mes voisines m’accompagnaient, je me faisais très discret.
Dans le dernier tour, quelques secondes après le passage d’un slovène et d’un français, les italiens étiraient le groupe des favoris, plusieurs leaders sortaient, c’était le bon moment pour attaquer. A leur passage, je cherchai Seb du regard et l’aperçut en queue de groupe au bord de la rupture, les 6 tours précédents pesaient lourds dans les cuisses de mon ami. Plus tard, les filles, équipées de leurs smartphones connectés, m’informèrent de son classement (40è), il avait dû laisser filer dans les derniers kilomètres. Nous le retrouvâmes le soir dans une pizzeria du centre-ville, il n’avait pas l’air trop déçu. Il me raconta d’un air excité ses aventures du jour : la crevaison avant d’entrer sur le circuit, le coup de pression des français, il a failli suivre l’attaque d’Allaphilippe dans l’avant-dernier tour, « Je n’ai pas réussi, c’est à ce moment-là que j’ai compris », l’accélération des italiens, la forte impression laissée par C. Ewan et M. Mohoric et le coup de bambou dans le dernier mur. J’avoue, en l’écoutant, j’étais très jaloux et n’avais qu’une hâte : rouler et m’amuser.
Le soir, dans le camping, il pleuvait, j’étais seul dans ma petite tente. Je fixais le plafond éclairé par la lampe faiblissante et imaginais un mondial où je jouerais les premiers rôles, où Seb gagnerait à la fin. Les gouttes de pluie tombaient bruyamment sur la toile et j’entendais les applaudissements des spectateurs, admiratifs de notre victoire historique !
Trop bon ce montage !