Merci !
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Journal intime de Seweryn Szymaszek
18 juin 2013
L’appel du 18 juin
Les tourments et le doute ne déssérèrent pas leurs liens sur mon esprit du retour vers la Pologne. Mes amis disposaient davantage de recul et de philosophie, ils me soutenèrent sans s’en amuser, pour une fois. La lumière éclatante de Varsovie ne raviva pas la vague flamme d’espoir qui eut pu vivoter quelque part au fond de mon cœur… Le lendemain, je reprenais le coaching éprouvant de Vlad sans rage, ni envie. Je commençai peu à peu à admettre l’évidence, il faudra témoigner et mettre un terme à ma micro carrière pro. Ce sacrifice me déprimait d’autant plus que Sebastian brillait au Grand Prix International CTT Correios de Portugal, en terminant 8ème du général. Mon camarade néo-pro m’intima pourtant de m’abstenir, « pas avant d’avoir tenté l’impossible pour découvrir un document accusant le manager ». Ainsi, pendant son absence à l’autre bout du Vieux Continent, il me proposa un plan B, aussi naïf qu’inutile.
Je me rendis donc au quartier général des bisons proche du siège social de la firme. En toute innocence et sans conviction, je saluai Li Mei dans le bureau administratif et lui soumis une requête : « Il me semble que Jozef doit fêter son 19ème anniversaire dans quelques jours, les copains et moi, on aimerait lui faire une petite fête surprise. Est-ce que je pourrais jeter un coup d’œil à l’agenda de ses courses pour être sûr de mon coup ? ». La jeune polonaise d’origine asiatique, vaquant à d’autres occupations et à la limite du dédain, tourna l’écran de son ordinateur et me montra la fiche de mon camarade néo-pro. Je photographiais du regard ses coordonnées et remercia l’intendante. Alors que je m’éloignais prudemment, l’amante de Michal Gulas m’interpella avec suspiscion : « Hé, Szymaszek ! Vous avez vu ? L’anniversaire de Golec, c’est dans 3 mois ! ». Découvert, le souffle court, je me retournais doucement et bredouillai : « Euh… ah oui ? Bah, de toute façon, euh… j’aime bien m’y prendre très en avance pour préparer une fête d’anniversaire. Vous savez ce que c’est, prévenir les amis, la famille, le lieu, l’horaire, le repas, la musique, les ballons, les chips, machin, tout ça… ». Je soufflais ces derniers mots improbables en quittant le bureau administratif et m’éloignant à grand pas des gros yeux inquisiteurs de Li Mei.
J’appelai immédiatement Jozef, il décrocha d’une voix maussade. Après le blabla habituel, je lui proposai un rendez-vous pour boire un verre entre camarade, il prit un ton neutre et déclina. Surpris, je le rassurais sur mes intentions, « Tu sais, c’est dans ce bar près de la fac, y’aura plein d’étudiantes, allez ! ». Mais il n’avait pas le temps ce soir… Devant le blocage évident dont il faisait preuve, je décidais de jouer mon va-tout, « Ecoute Jozef, c’est toi qui m’a appelé à l’aide, ne fais pas semblant de ne pas te souvenir, c’était à la fin de cette course amateur où tu as fini à l’hôpital… ». Après un long silence, Jozef chuchota : « Merci Sew mais je n’étais pas dans mon état normal ce jour-là, j’ai dit n’importe quoi, laisse tomber, tout va bien maintenant ! ». Sa réponse me fit froid dans le dos, était-il de mèche à présent ? avais-je tout imaginé ? « Et pourquoi tu n’étais pas dans ton état normal ce jour-là, hein ? Je suis au courant de TOUT ! J’ai contacté un journaliste, il a besoin d’une preuve pour tout arrêter, J’AI besoin d’une preuve ! Alors tu ne seras plus un cobaye et tu pourras courir comme tout le monde. Bon sang, aide-moi à t’aider ! ». J’entendis un hoquet d’émotion étreindre mon interlocuteur au terme de ma déclaration. Soudain, au bout du fil, je distinguais la voix du médecin de Zubrowka s’inquiéter pour Jozef, qui lui répondit brièvement. Puis il s’adressa à moi : « Ecoute Sofia, je t’ai dit que je ne voulais plus que tu m’appelles, c’est fini, tu m’entends ? Fini ! ». Il raccrocha.
Inutile de le rappeler, il avait l’air continuellement entouré d’un membre du staff de Bruyneel, comment le contacter dans ces conditions ? Au moment de ranger mon portable dans ma poche, celui-ci vibra. « Doc absent de son bureau de 12h à 13h pour resto, session PC allumée, accès messagerie pro sans mot de passe, j’efface ce sms, nous n’avons pas discuté, merci… ».
Mode espion ON
Le prétexte bidon…
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Journal intime de Seweryn Szymaszek
18 juin 2013
L’appel du 18 juin
Les tourments et le doute ne déssérèrent pas leurs liens sur mon esprit du retour vers la Pologne. Mes amis disposaient davantage de recul et de philosophie, ils me soutenèrent sans s’en amuser, pour une fois. La lumière éclatante de Varsovie ne raviva pas la vague flamme d’espoir qui eut pu vivoter quelque part au fond de mon cœur… Le lendemain, je reprenais le coaching éprouvant de Vlad sans rage, ni envie. Je commençai peu à peu à admettre l’évidence, il faudra témoigner et mettre un terme à ma micro carrière pro. Ce sacrifice me déprimait d’autant plus que Sebastian brillait au Grand Prix International CTT Correios de Portugal, en terminant 8ème du général. Mon camarade néo-pro m’intima pourtant de m’abstenir, « pas avant d’avoir tenté l’impossible pour découvrir un document accusant le manager ». Ainsi, pendant son absence à l’autre bout du Vieux Continent, il me proposa un plan B, aussi naïf qu’inutile.
Je me rendis donc au quartier général des bisons proche du siège social de la firme. En toute innocence et sans conviction, je saluai Li Mei dans le bureau administratif et lui soumis une requête : « Il me semble que Jozef doit fêter son 19ème anniversaire dans quelques jours, les copains et moi, on aimerait lui faire une petite fête surprise. Est-ce que je pourrais jeter un coup d’œil à l’agenda de ses courses pour être sûr de mon coup ? ». La jeune polonaise d’origine asiatique, vaquant à d’autres occupations et à la limite du dédain, tourna l’écran de son ordinateur et me montra la fiche de mon camarade néo-pro. Je photographiais du regard ses coordonnées et remercia l’intendante. Alors que je m’éloignais prudemment, l’amante de Michal Gulas m’interpella avec suspiscion : « Hé, Szymaszek ! Vous avez vu ? L’anniversaire de Golec, c’est dans 3 mois ! ». Découvert, le souffle court, je me retournais doucement et bredouillai : « Euh… ah oui ? Bah, de toute façon, euh… j’aime bien m’y prendre très en avance pour préparer une fête d’anniversaire. Vous savez ce que c’est, prévenir les amis, la famille, le lieu, l’horaire, le repas, la musique, les ballons, les chips, machin, tout ça… ». Je soufflais ces derniers mots improbables en quittant le bureau administratif et m’éloignant à grand pas des gros yeux inquisiteurs de Li Mei.
J’appelai immédiatement Jozef, il décrocha d’une voix maussade. Après le blabla habituel, je lui proposai un rendez-vous pour boire un verre entre camarade, il prit un ton neutre et déclina. Surpris, je le rassurais sur mes intentions, « Tu sais, c’est dans ce bar près de la fac, y’aura plein d’étudiantes, allez ! ». Mais il n’avait pas le temps ce soir… Devant le blocage évident dont il faisait preuve, je décidais de jouer mon va-tout, « Ecoute Jozef, c’est toi qui m’a appelé à l’aide, ne fais pas semblant de ne pas te souvenir, c’était à la fin de cette course amateur où tu as fini à l’hôpital… ». Après un long silence, Jozef chuchota : « Merci Sew mais je n’étais pas dans mon état normal ce jour-là, j’ai dit n’importe quoi, laisse tomber, tout va bien maintenant ! ». Sa réponse me fit froid dans le dos, était-il de mèche à présent ? avais-je tout imaginé ? « Et pourquoi tu n’étais pas dans ton état normal ce jour-là, hein ? Je suis au courant de TOUT ! J’ai contacté un journaliste, il a besoin d’une preuve pour tout arrêter, J’AI besoin d’une preuve ! Alors tu ne seras plus un cobaye et tu pourras courir comme tout le monde. Bon sang, aide-moi à t’aider ! ». J’entendis un hoquet d’émotion étreindre mon interlocuteur au terme de ma déclaration. Soudain, au bout du fil, je distinguais la voix du médecin de Zubrowka s’inquiéter pour Jozef, qui lui répondit brièvement. Puis il s’adressa à moi : « Ecoute Sofia, je t’ai dit que je ne voulais plus que tu m’appelles, c’est fini, tu m’entends ? Fini ! ». Il raccrocha.
Inutile de le rappeler, il avait l’air continuellement entouré d’un membre du staff de Bruyneel, comment le contacter dans ces conditions ? Au moment de ranger mon portable dans ma poche, celui-ci vibra. « Doc absent de son bureau de 12h à 13h pour resto, session PC allumée, accès messagerie pro sans mot de passe, j’efface ce sms, nous n’avons pas discuté, merci… ».
Mode espion ON
Le prétexte bidon…