[Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro - fini !

Journal intime de Seweryn Szymaszek

25 septembre 2012
Un loup chez les bisons

Devant faire face à une inorganisation inhabituelle, le sponsor Zubrowka décida d’engager un nouveau manager. Il leur devenait difficile d’attendre un imprévisible réveil de LeRat. En outre, les médias sportifs et locaux avaient relayé l’information de l’accident cardiaque du boss et s’étonnaient que son remplacement tarde à ce point.

Ainsi, un matin, Zubrowka convoqua ses bisons ainsi que plusieurs journalistes pour une présentation du nouveau manager. Nous ne connaissions pas son identité, l’information étant restée secrète. Devant son auditoire, la jeune et belle représentante du sponsor annonça avec un grand sourire : « Et maintenant, mesdames et messieurs, laissez-moi vous présenter le nouveau manager des bisons ! Le renouveau de l’équipe est en marche !». L’intro de The Eye of the tiger me cassa les oreilles, je précise que je suis allergique à la musique des années 80’. Illuminé par les spots et les flashs, un homme, la quarantaine bien tassée, s’avança sur la scène et embrassa la jeune femme. La musique se coupa maladroitement -faudrait le tuer l’ingé son- puis l’homme s’adressa au public en anglais.

« Thanks Li Mei ! Je m’appelle Johan Bruyneel et je vais faire de Zubrowka une grande équipe ! » Tonnerre d’applaudissements chez les journalistes. J’étais autant médusé qu’effondré. C’est une blague ou quoi ? Tous les bisons s’interrogeaient du regard, murmuraient, s’inquiétaient… Ce mec qui a créé une mafia dans le peloton pendant plusieurs années, qui a contribué au développement du dopage, qui n’a jamais eu le moindre remord, ce mec va nous diriger ?! Pendant que Bruyneel évoquait ses nouvelles méthodes, le renouveau de l’équipe, la simplicité du travail, le plaisir de courir, je réfléchissais sérieusement à abandonner le vélo et retourner travailler dans mon chantier en compagnie de mon maître d’apprentissage.

Toujours très bon ! Vivememnt la suite

Journal intime de Seweryn Szymaszek

15 octobre 2012
Un train de départ

Les jours passent, Marczynski s’est résolu à revenir dans l’équipe, laissant avec tristesse son père dans son sommeil ininterrompu, mais il n’avait pas l’esprit à la course. Les résultats des bisons sont donc restés médiocres, ne faisant qu’acte de présence sur le GP de Fourmies, le Grand Prix de Wallonie, Paris-Bourges, le G.P. Beghelli ou la Japan Cup. Seul Bodnar parvient à accrocher une honorable 13ème place lors du Chrono des Nations.

Les nouvelles méthodes avancées par le manager imposteur ne fonctionnent donc pas à ce jour. Pourtant les médias sportifs du monde entier ont commenté le nouveau job de Bruyneel, certains lui ont reproché de reprendre du service après avoir sévi dans le peloton trop longtemps, d’autres lui accordent le bénéfice du doute. Lui-même a justifié son retour : « Zubrowka est venu me chercher, ils ont de belles et grandes ambitions pour l’équipe, ils sont prêts à mettre les moyens qu’il faut. Moi, j’aime les challenges, je vais faire gagner les bisons et on va monter en World Tour dans les 3 ans à venir. Afin de garantir la politique du sponsor, tout coureur positif à un test antidopage sera immédiatement exclu, donc n’ayez aucun doute sur ma volonté de manager proprement. »

Le nouveau boss s’est entretenu avec l’ensemble de l’équipe en tête à tête. Il souhaitait mieux nous connaître, notre passé sur le vélo, notre bilan de l’année, nos objectifs futurs, nos perspectives de carrière, etc. Je craignais ce rendez-vous, mais il s’est globalement bien passé, Bruyneel s’est montré ouvert et intelligent. Il m’a dit qu’il comptait sur moi pour l’année prochaine en me tendant la main, j’ai hésité puis j’ai serré sa poigne. Voilà comment on pactise avec le diable sans même s’en rendre compte…

Derrière son sourire, le manager a néanmoins commencé sa première purge, plusieurs contrats néo-pros n’ont ainsi pas été renouvelés :
- Krzysztof Wolak
- Damian Wilczak
- Piotr Krysmun
- Karol Cuch
- Jedrzej Prusak
- Cezary Wenc
J’étais vraiment triste pour mon camarade Krzysztof Wolak, issu d’une famille très pauvre, toujours joyeux et optimiste, il ne se plaignait jamais. Il m’a affirmé qu’il retournerait rouler chez les amateurs et qu’il trouverait aisément du travail dans les garages de son quartier. Apparemment, il a passé son adolescence à rafistoler des voitures, il en connait un rayon sur la mécanique. Pour cette raison, j’ai rendu visite à Johan hier afin de lui proposer que Krzysztof devienne le mécano des bisons, il m’a dit qu’il y réfléchirait, mais je ne me fais guère d’illusions…

Journal intime de Seweryn Szymaszek

28 octobre 2012
Un bilan respectable

Devant une dizaine de journalistes polonais, Mlle Li Mei, la jeune et jolie communicante du sponsor Zubrowka établissait un bilan factuel de la saison 2012 qui vient de s’achever.

« Pour sa 3ème année d’existence, les bisons totalisent un nombre record de victoire sur une saison. Mateusz Kemar, élu bison de l’année, a été déchaîné en 2012 car, sur les 8 victoires de l’équipe, notre co-leader en a acquis 6 ! Il se classe par ailleurs 2ème au classement Continental et 19ème au classement Prestige. A noter cette statistique remarquable, sur ses 83 jours de course, Kemar s’est placé 48 fois dans le Top 10 !

Classement conti indiv


Classement mondial indiv


Au niveau collectif, Zubrowka achève l’année à des positions honnêtes et respectables.

Classement conti par équipe


Classement mondial par équipe


Enfin sur les 6 objectifs imposés par les sponsors de l’équipe, 4 ont pu être respectés :
- Meilleur grimpeur de la Vuelta a Burgos,
- Top 10 de la Vuelta a Alcobendas,
- Top 10 du Gran Premio de Llodio,
- Top 10 du Bayern Rundfahrt.
En revanche, l’équipe n’a pas été sélectionnée sur le Bicyclette basque et n’est pas parvenue à porter le maillot de sprinter durant le Tour de Belgique. Malgré tout, un grand bravo aux bisons pour cette très belle année 2012 ! », acheva-t-elle en nous applaudissant chaudement lors de notre montée sur le podium.

Pendant que je me demandais pour quelle raison notre belle ennemie se montrait aussi prévenante et gentille à notre attention, je remarquai un clin d’œil que lui adressa Michal Gulas, notre bison beau gosse, charmeur dans l’éternel, auquel Li Mei sourit avec complicité. Si cela nous permet d’obtenir de meilleures faveurs de la part du sponsor, ma foi, c’est très bien joué, non ? Pendant ce temps, Edyta et Weronika, qui s’étaient déplacées depuis Poznan, nous encouragèrent avec ferveur, tout en se moquant de nos accoutrements… Pff, les filles !...

Au centre du podium, aux côtés d’un Mateusz Kemar particulièrement radieux, Marczynski ne bougeait pas et regardait dans le vide, il était ailleurs, pensait à autre chose. Je ressentis alors un vide dans mon cœur, je n’aurais jamais cru un jour penser une chose pareille, mais le manager LeRat me manquait, à moi aussi.

Journal intime de Seweryn Szymaszek

12 novembre 2012
La fête des enfants

Pendant un petit déjeuner collectif en ce début novembre, Bruyneel nous a interpellé et présenté les 4 nouvelles recrues néo-pros pour 2013 : Jozef Golec, Olgierd Bronowicki, Janusz Jezierski et Zbiginiew Kostera. Ils avaient l’air un peu intimidé, je me suis immédiatement reconnu en eux avec un an de moins au compteur. Sans vraiment réfléchir, je me suis levé, je leur ai serré la main, souhaité la bienvenue et présenté l’ensemble de l’équipe, bison après bison. Puis vint l’heure du bizutage… Gniark gniark !

Non en fait, le bizutage chez les bisons reste soft et pratique. Avec l’aide de notre sponsor qui parraine l’événement, nous organisons une petite fête sur la place du Château de Varsovie, l’un des lieux de passage les plus populaire de la capitale. Il s’agit d’organiser une course de tricycle sur un circuit faisant le tour de la place, opposant les néo-pros aux anciens. Bien entendu, le ravitaillement se fait à base de Zubrowka, les piétons peuvent participer en prenant des tricycles en rabe, ajouter des chapeaux ou des accessoires ridicules sur les bisons, les coureurs peuvent se tamponner gentiment, bref au bout de deux heures, l’ambiance passe du bon enfant au délire total. L’an dernier, alors que je ne connaissais pas mes nouveaux collègues, grisé par l’alcool et malgré une pluie diluvienne, je me suis mis à pas mal frotter, j’ai franchi la ligne d’arrivée en premier, mais je ne m’arrêtais plus. Attifé de collants roses bonbons, une jupe verte, des oreilles de Mickey, un nez de clown, ainsi que mes tatouages et piercings, je continuais à me lever sur les pédales tant je m’amusais…



Pendant l’événement, les piétons peuvent participer financièrement à cette petite fête, après avoir emprunté un tricycle, bu un verre de vodka ou demander à un bison de mettre un vêtement / accessoire ridicule. Les bénéfices de ce bizutage festif sont entièrement reversés à la Croix Rouge polonaise. Les médias locaux aiment ce genre d’action et en font largement l’écho.



Tomasz Marczynski m’a interpellé le matin du bizutage, il m’a dit que l’état de santé de son père, le manager LeRat, s’améliorait, il semblait sortir peu à peu du coma ! Il était si heureux que, pendant la fête des bizus, il fit plus de tours, plus de tamponnages, plus de fous rires que tous les bisons réunis ! Moi, je voyais mon ami et Edyta rigoler comme des baleines, sous un beau soleil frais, sur la place du château, et je me disais que c’était vraiment une belle journée.

Journal intime de Seweryn Szymaszek

30 novembre 2012
Un rêve amer

Le manager LeRat s’est enfin réveillé sur son lit d’hôpital. Il parait qu’à peine conscient, son premier coup d’œil fixa le décolleté de l’infirmière penchée sur lui. C’est un signe de bonne santé chez lui ! Inutile d’indiquer la joie de Marczynski à cette nouvelle, il prépara le retour de son entraîneur dans l’équipe de Zubrowka. Cependant, Johan Bruyneel, aux affaires depuis plusieurs semaines, rappela au sponsor les termes de son contrat. Mlle Li Mei était confronté à un problème de management, difficile à anticiper.

LeRat quitta son lit en colère d’apprendre que Zubrowka avait déjà remplacé son poste par une « vulgaire mouche à m%*#e d’Europe de l’Ouest ». Il arriva à la rencontre de Bruyneel, lui mit un coup de boule monumental et redevint le bigboss incontesté de l’équipe ! Les bisons furent soulagés de ce retour fracassant et le fêtèrent pendant 3 jours et 3 nuits !

Oui, j’aurais tant aimé que les choses se passent ainsi. Mais la vraie vie est dure, la vraie vie est cruelle… LeRat est mort. Il est décédé avant de se réveiller, son cœur n’a finalement pas tenu, il ne reviendra plus jamais, il ne mettra pas son coup de boule à Bruyneel, ni ne fera plus d’avances indécentes à Li Mei. Il est mort et son enterrement fut une véritable expérience à son image…

La cérémonie se tint un matin froid et pluvieux de novembre. Les bisons, la direction de Zubrowka, les collègues polonais, des journalistes locaux se déplacèrent pour cette occasion particulière. Croyant fervent, LeRat ne gardait pas moins ses excentricités au-delà du trépas, il avait donc négocié avec le prêtre qu’aucun chant religieux ne viennent perturber la solennité des lieux. En tant que musicien (certes amateur), et pour avoir personnellement très mal vécu les fausses notes à l’occasion de l’enterrement de mon père, j’avoue que j’en suis sincèrement reconnaissant au boss…

En revanche, là où cela a posé problème, c’est que notre ancien manager a imposé que les prières soient rythmées, non pas par des chants, mais par des chansons qu’il affectionne. Aussi, Tomasz Marczynski, son fils, connaissant ma grande culture musicale, m’a sollicité pour sélectionner de jolis morceaux consensuels. Il a, par ailleurs, exigé que Michal Gulas et moi nous exhibions en duo guitare-chant pendant la cérémonie. Bref, une véritable torture pour l’être timide que je suis, je n’en ai pas dormi la nuit précédente !

Le matin, le prêtre m’observa de travers pendant que j’installais mon matériel de DJ et sono. Aussi victime que lui des extravagances de LeRat, je me fis le plus petit et discret possible. Devant près d’une centaine de personnes en recueillement, à la suite de chaque prière, le prêtre me faisait un petit signe de la tête et je lançai fébrilement les chansons. Mother Nature's Son sonna à merveille dans cette église silencieuse, je regardais le cercueil près de moi et avais la larme à l’œil. Le prêtre remuait les lèvres sur God Only Knows qu’il connaissait visiblement par cœur, il me regarda en hochant de la tête. Le public a commencé à taper dans ses mains sur Redemption song. Enfin, Michal a chanté Girl, je l’ai accompagné à la gratte acoustique. Le choix de cette chanson devenait une évidence lorsque nous nous remémorions des bizarreries de notre ancien manager… Michal y a mis tout son cœur, nous avons été chaleureusement remerciés par Tomasz.

Le midi, nous avons mangé dans un restaurant, puis, en petit comité de bisons, nous nous sommes rendu sous le pont Slasko-Dabrowski, où le boss avait l’habitude de se rendre pour réfléchir (et boire). Nous avons levé un verre de vodka à la mémoire de M. LeRat, puis deux, puis trois, puis nous avons arrêté de compter. Le soir, nous nous sommes quittés raide mort, nous avions rendu un hommage convenable à un grand manager.


Edyta (et Weronika cachée) nous avait soutenu dans cette épreuve.

Si tu veux un peu de réponse, je te conseil de te rendre sur PCM'FRANCE

Belle suite. Toujours très bien

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Il connaît Ice, il a déjà fait un récit cya/France auparavant, celui de Darwin

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Il connaît Ice, il a déjà fait un récit cya/France auparavant, celui de Darwin

C'est gentil de m'attribuer la paternité d'un si bon récit, mais il n'est pas de mon fait !

Quant à poster sur PCM France, why not, mais j'ai juste la flemme. Je n'attends pas particulièrement de retour, même si un petit "c cool, continue !" fait toujours plaisir.