Re: [Żubrówka] Le journal intime d’un néo-pro
Publié: 25 Fév 2015, 20:43
Journal intime de Seweryn Szymaszek
9 mars 2014
Les poussières des strade bianche
Les strade bianche offraient un cadre original de routes en terre et un plateau riche en leaders. Contrairement aux monts flandriens, je ne connaissais pas un mètre de ces routes toscanes, et pour ne rien arranger, Maciej ne pouvait pas m’y accompagner, retenu au siège de Zubrowka. C’est donc mon ami Sebastian Lenczewki qui, pour sa première course de la saison, tint ce rôle protecteur.
Après plusieurs heures assez calme, le peloton accélèra à cinquante kms du but, dans la Monte Sante Marie. Mal placé, je ne parvins pas à attraper le groupe d’une dizaine de favoris, dont Stannard Kreuziger, Kwiatkowski, Eans, Valverde, Cancellara et Sagan. Heureusement, avec des poursuivants, nous profitâmes d’une temporisation des leaders pour les reprendre. Les attaques se multiplièrent pendant une dizaine de kms : Trentin, Kreuziger, Valverde, puis Sagan et Kwiatkowski ! Au fil des strade, le dernier duo semblait prendre un avantage décisif.
Dans le dernier secteur de terre, le Toife, Valverde plaça une bonne attaque dans le plus dur de l'ascension, notre groupe vola en éclat ! Je sentis de bonnes jambes et répondis donc au contre proposé par Kreuziger, Cancellara et Cunego. Rattrapant le leader espagnol, nous collaborâmes, sans parvenir à revenir sur le duo Sagan-Kwiatko. Inconsciemment, j’étais galvanisé de participer ainsi à cette bataille entre hommes forts, ils devaient me prendre pour un intrus, moi, la figure et la tunique blanchie par la poussière, je me sentais juste dans mon élément, j’adorais cette course !
Lors de la rude montée vers Sienne, à quelques hectomètres de la ligne, Valverde en remit une couche. Cancellara, usé par ses efforts monstrueux de la plaine, montra vite ses limites. Avec le tchèque et l’italien, nous n’étions pas en mesure de répondre à l’attaque du leader Movistar et grimpions à notre rythme. Sur le replat final, au milieu des rues tortueuses de la cité toscane, Cunego accéléra avec Kreuziger, je suivis ce dernier et, dans un virage vicieux, le dépassai. Poussant sur mes pédales à la limite de l’évanouissement, je franchissai la ligne en 5ème position.
A l’arrivée, Krystof Wolak, notre jeune mécanicien, m’enlaça comme si j’avais gagné une classique, tandis que mes adversaires me considéraient d’un air interloqué. Je vins féliciter mon compatriote Michal Kwiatkowski pour sa victoire sur les strade, il tapa sur mon épaule et me congratula à son tour. Rafal Janik proposa de faire une interview croisée du leader OPQS avec moi, Michal accepta avec un plaisir apparent, avant que j’ai pu pretexter toute absence. Je compris alors que mon statut avait bel et bien changé !
1 Michał Kwiatkowski (POL) OPQS en 5 h 20 min 33s
2 Peter Sagan (SLK) Cannondale + 19s
3 Alejandro Valverde (ESP) Movistar 36s
4 Damiano Cunego (ITA) Lampre-Merida 40s
5 Seweryn Szymaszek (POL) Zubrowka 40s
6 Roman Kreuziger (TCH) Tinkoff-Saxo 40s
7 Fabian Cancellara (SUI) Trek Factory Racing 59s
8 Cadel Evans (AUS) BMC Racing 1’44
9 Warren Barguil (FRA) Giant-Shimano 2’02
10 Wout Poels (NED) OPQS 2’11
Plus tard, Sebastian, Rafal et les bisons fêtèrent à la polonaise ma performance dans le restaurant de l’hôtel, d’autres équipes (OPQS, BMC, AG2R, etc) nous regardèrent de travers. Michal Kwiatkowski, avec qui mon ami Seb avait déjà sympathisé lors du dernier championnat du monde, se joignit à nos nombreux na zdrowie et au tintinmarre si insupportable que la direction nous invita à baisser d’un ton. Les polonais ne savent décidément pas se tenir quand ils gagnent…
9 mars 2014
Les poussières des strade bianche
Les strade bianche offraient un cadre original de routes en terre et un plateau riche en leaders. Contrairement aux monts flandriens, je ne connaissais pas un mètre de ces routes toscanes, et pour ne rien arranger, Maciej ne pouvait pas m’y accompagner, retenu au siège de Zubrowka. C’est donc mon ami Sebastian Lenczewki qui, pour sa première course de la saison, tint ce rôle protecteur.
Après plusieurs heures assez calme, le peloton accélèra à cinquante kms du but, dans la Monte Sante Marie. Mal placé, je ne parvins pas à attraper le groupe d’une dizaine de favoris, dont Stannard Kreuziger, Kwiatkowski, Eans, Valverde, Cancellara et Sagan. Heureusement, avec des poursuivants, nous profitâmes d’une temporisation des leaders pour les reprendre. Les attaques se multiplièrent pendant une dizaine de kms : Trentin, Kreuziger, Valverde, puis Sagan et Kwiatkowski ! Au fil des strade, le dernier duo semblait prendre un avantage décisif.
Dans le dernier secteur de terre, le Toife, Valverde plaça une bonne attaque dans le plus dur de l'ascension, notre groupe vola en éclat ! Je sentis de bonnes jambes et répondis donc au contre proposé par Kreuziger, Cancellara et Cunego. Rattrapant le leader espagnol, nous collaborâmes, sans parvenir à revenir sur le duo Sagan-Kwiatko. Inconsciemment, j’étais galvanisé de participer ainsi à cette bataille entre hommes forts, ils devaient me prendre pour un intrus, moi, la figure et la tunique blanchie par la poussière, je me sentais juste dans mon élément, j’adorais cette course !
Lors de la rude montée vers Sienne, à quelques hectomètres de la ligne, Valverde en remit une couche. Cancellara, usé par ses efforts monstrueux de la plaine, montra vite ses limites. Avec le tchèque et l’italien, nous n’étions pas en mesure de répondre à l’attaque du leader Movistar et grimpions à notre rythme. Sur le replat final, au milieu des rues tortueuses de la cité toscane, Cunego accéléra avec Kreuziger, je suivis ce dernier et, dans un virage vicieux, le dépassai. Poussant sur mes pédales à la limite de l’évanouissement, je franchissai la ligne en 5ème position.
A l’arrivée, Krystof Wolak, notre jeune mécanicien, m’enlaça comme si j’avais gagné une classique, tandis que mes adversaires me considéraient d’un air interloqué. Je vins féliciter mon compatriote Michal Kwiatkowski pour sa victoire sur les strade, il tapa sur mon épaule et me congratula à son tour. Rafal Janik proposa de faire une interview croisée du leader OPQS avec moi, Michal accepta avec un plaisir apparent, avant que j’ai pu pretexter toute absence. Je compris alors que mon statut avait bel et bien changé !
1 Michał Kwiatkowski (POL) OPQS en 5 h 20 min 33s
2 Peter Sagan (SLK) Cannondale + 19s
3 Alejandro Valverde (ESP) Movistar 36s
4 Damiano Cunego (ITA) Lampre-Merida 40s
5 Seweryn Szymaszek (POL) Zubrowka 40s
6 Roman Kreuziger (TCH) Tinkoff-Saxo 40s
7 Fabian Cancellara (SUI) Trek Factory Racing 59s
8 Cadel Evans (AUS) BMC Racing 1’44
9 Warren Barguil (FRA) Giant-Shimano 2’02
10 Wout Poels (NED) OPQS 2’11
Plus tard, Sebastian, Rafal et les bisons fêtèrent à la polonaise ma performance dans le restaurant de l’hôtel, d’autres équipes (OPQS, BMC, AG2R, etc) nous regardèrent de travers. Michal Kwiatkowski, avec qui mon ami Seb avait déjà sympathisé lors du dernier championnat du monde, se joignit à nos nombreux na zdrowie et au tintinmarre si insupportable que la direction nous invita à baisser d’un ton. Les polonais ne savent décidément pas se tenir quand ils gagnent…