DEBRIEF’ DE FEVRIER - 1/03/12 C’est un mois de février riche en victoire que nous avons vécu, mais l’équipe a également pu voir ses limites. Après un Tour du Qatar heureux grâce à la cassure du troisième jour,
CAVENDISH s’est révélé en petite forme sur ce début de saison. Le champion du monde est le premier à le dire, il ne sera pas au top pour Milan – San Remo. Vaincu la plupart du temps par des sprinters moins bon que lui, le Cav’ n’a pas retrouvé sa confiance en Oman, mais
WIGGINS, lui, s’est rassuré. Le champion de Grande-Bretagne a eu des soucis de santé et était en retard sur son programme. Sa 4e place en Oman est plutôt rassurante et laisse présager un bon Paris-Nice, même si, tout comme son compatriote, Brad’ ne sera pas au top. Le duo anglais est donc sur le même plan : petite forme, et objectifs en juillet. Mis à part ça,
VALVERDE s’est baladé en Italie, et ses prochains objectifs, toujours sur la péninsule, s’annoncent de très bonne augure car
Alejandro le dit et le répète : Il a encore énormément de travail à faire, il en a sous la pédale, et sa forme n’est pas encore au top.
Ce mois-ci, c’est
Christian KNEES qui a accepté de nous donner de son temps :
- Salut Christian, tu sors d’un Tour de Sardaigne très réussi même si tu perds ta place sur le podium le dernier jour.
En effet, j’ai réalisé une excellente semaine, quand j’ai accompagné Alejandro dans la première ascension de la semaine, je ne réalisais pas que j’étais dans une excellente forme. Même si j’ai eu ce petit contretemps le dernier jour, je termine derrière NIBALI et CUNEGO, ce n’est pas rien !
- On ne se rend pas compte de là où l’on est, mais Alejandro est bien en super forme non ?
J’ai envie de dire oui et non. Il est impressionnant de facilité, ses démarrages sont meurtriers, il ne laisse que des miettes à ses adversaires, et même ses coéquipiers [rires] mais d’un autre côté, je cours avec lui depuis le début de la saison, et à chaque fois, il semble mieux. Là, il vient de me dire qu’il avait été mal sur la fin d’étape en Sardaigne, et qu’il s’était rendu compte qu’il n’était pas en forme. Et je le crois, vu ce qu’il me dit quotidiennement, je pense qu’il est sincère, et que quand il sera au top, ça fera très mal.
- A force de se dépenser comme ça, il risque d’être cuit pour les Ardennaises ?
On lui en a parlé, mais il dit que ce sera parfait. Il veut participer au Tour de Catalogne, mais ça reste en suspens. Alejandro est un pro, il sait ce qui est bon ou non pour lui. En course, il n’attaque ou ne contre que quand cela s’avère nécessaire. J’ai été étonnement surpris de le voir rester impassible quand NIBALI et CUNEGO l’attaquaient. Je sais que le coach lui a fait un point de stratégie au début de l’année, mais il gère son effort magnifiquement. Il ne donne que ce qui est nécessaire, et du coup, quand il attaque, qu’il prend les devants, c’est que c’est la bonne : ça n’a toujours pas été contredit.
- De ton côté, quels sont tes objectifs ?
Je me met au service de l’équipe, je n’ai pas d’objectif personnel, même si on me laisse une grande marge de manœuvre. Je serai sur Paris-Nice, puis je couperai je pense. Mon retour est prévu sur le Tour, mais il faudra que je montre que je mérite une place dans l’équipe, et comme je serai peut-être limite en forme … En plus, j’aligne les jours de course ces derniers jours, donc il est bien possible que je ne cours aucun grand Tour cette année.
- Tu es le seul coureur allemand de cette équipe, n’est-pas parfois un peu blâmable ?
J’ai choisi de venir, j’assume. Ça fait un an que je suis ici, et j’aime bien cette équipe. Il n’est pas prévu d’enrôler des coureurs allemands à ce que je sache, mais ça ne me gêne pas. C’est une équipe internationale, et la barrière de la langue n’est pas un problème pour nous.
- Qui, mis à part Alejandro, t’a le plus impressionné sur ce début d’année ?
Il n’ya que lui, il était vraiment au-dessus. Après, il ya Fabian CANCELLARA, mais je n’ai pas couru avec lui, je ne peux rien vous dire. C’est juste Matthew –HAYMAN – qui m’a dit qu’il était juste phénoménal, et qu’il dégageait une puissance impressionnante. Mais bon, on est pas surpris, on connait déjà bien le coureur …
- Pour conclure, penses-tu que VALVERDE pourra tenir le pari de remporter le Tour l’an prochain ?
C’est tout à fait possible. C’est un coureur de classe mondiale qui sait gérer ses forces sur une course de trois semaines. Même s’il y a les aléas de la course, il a le potentiel pour s’imposer très vite sur le Tour.
- Merci à toi, et bon Paris-Nice.
Enfin, voiklà la conférence de presse tant attendue de
Dario WANDERT. Si ce sont les échéances à venir qui le préoccupent le plus, il a l’occasion de revenir sur un beau mois de février.
Bonjour à tous, comme le mois dernier, je suis venu pour répondre à toutes vos questions, je vous laisse donc à vos questions messieurs les journalistes.
- Bonjour, tout d’abord, êtes-vous surpris de la réussite de vos coureurs en ce début de saison ?
Surpris, le mot est mal choisi. Je ne vais pas dire que je m’y attendais, mais le travail hivernal paye, et je pense que l’équipe est logiquement récompensée. Après, on a des coureurs de talents qui font la différence, et ça, je n’y suis pour rien.
- Je pense savoir la réponse, mais au sein du Team Sky, quel coureur vous a le plus impressionné ce mois-ci ?
C’est une question piège ? Je dirai sans hésiter Alejandro. Il ne m’a pas surpris, mais il m’a impressionné. VALVERDE est sur un nuage en ce moment, il est presque invaincu, et pour le moment, il envoie un message fort à GILBERT. D’ailleurs, les deux coureurs se retrouveront sur Tirreno, je pense qu’on aura un premier bras de fer intéressant. VALVERDE a faim de victoires, il ne s’arrête plus, et moi-même, j’attend de voir jusqu’où il ira.
- Du coup, comment réagissent ses coéquipiers face à une telle domination ? Cela ne forme-il pas des tensions entres les leaders ?
Ses coéquipiers sont tout aussi impressionnés que moi, et c’est très positif pour le groupe. Au départ d’une course avec Alejandro, l’équipe est à bloc, car on sait que VALVERDE conclura le travail des coéquipiers. D’ailleurs, il donne sa prime à chaque fois ce qui ne fait que renforcer cet élan très positif. Après, est-ce frustrant, particulièrement pour les autres leaders comme Wiggo ? Je n’en sais pas grand-chose, mais je pense que Brad’ relativise et doit se réjouir aussi de la réussite de l’équipe. Certes, ça lui met la pression, mais il doit se dire que son programme est complètement différent d’Alejandro, et que ce n’est qu’en Juillet qu’il pourra lui répondre. Donc pour finir, je suis certain que ce n’est que du positif pour le groupe.
- Je voulais revenir sur les gros rendez-vous qui arrivent. Quelles équipes seront au départ de Paris-Nice et Tirreno ?
On en a longtemps débattu, mais notre choix est fait. Puisque vous me le demandez, voilà donc la liste :
Pour Paris-Nice, Brad’ sera le leader, Mark cherchera à augmenter son compteur de victoires, ils seront accompagnés par Knees et Froome, ce dernier n’aura aucun objectif, ainsi que Eisel, Hayman, Sutton et Kennaugh.
En Italie, c’est Valverde qui emmènera un groupe de costaud avec Boasson Hagen pour les sprints, Rogers comme lieutenant, ainsi que Porte, Siutsou, Flecha, Nordhaug et Thomas.
- Et quant aux classiques à commencer par Milan – San Remo, que visera le Team Sky ?
Sur Milan – San Remo, nous avons plusieurs cartes à jouer et nous espérons la victoire, même si Cavnedish ne semble pas encore au top. Ensuite, sur les flandriennes, ce sera plus difficile. Flecha est un peu sur la pente descendante, et Eisel et Thomas sont un peu juste pour la gagne. Nous espérons accrocher un podium sur le Ronde ou Paris-Roubaix, une victoire sur l’une des flandriennes serait magnifique.
Et pour les ardennaises, c’est une question très intéressante. On assistera sans doute à un duel entre Valverde et Gilbert, on vise une victoire sur l’une des trois, c’est clair, mais on est réaliste, ça ne sera pas facile.
- Valverde peut-il faire le triplé ?
Sur les ardennaises ? J’en doute. Il faudra vraiment qu’il soit au top du top et que la course soit en sa faveur. En plus, il n’y a pas que Gilbert de dangereux, je me méfie aussi de Rodriguez très en jambe, et franchement, s’il le fait, ce sera vraiment un moment historique, plus encore que l’année passée.
- Et sur le Giro, à l’approche du premier grand Tour, qu’espérez-vous de votre équipe ?
On y va pour se faire plaisir avant tout, je n’ai pas encore donner de tactiques ou d’objectifs particuliers, notre brochette Uran – Froome pourrait aller très loin, on vise au moins un top 10, mais un top 5 est plus un véritable objectif. Ensuite, nous cherchons plus les victoires d’étapes sur ce Giro où nous n’avons pas vraiment de directive à suivre contrairement au Tour et à la Vuelta, où là, on vise clairement la victoire.
- Au niveau de l’effectif, quelle place accordez-vous aux jeunes, dans la mesure où ils sont barrés par un leadership impressionnant ?
Hormis nos coureurs phares qui ont plus d’une trentaine d’années pour la plupart, on a un effectif d’avenir, je pense à Boasson Hagen, mais aussi à Quintana. La relève est là, et il est important pour eux d’apprendre auprès des plus expérimentés, la science de la course et de la gagne. Je ne pense pas devoir leur laisser plus de marge de manœuvre, ce n’est qu’une première saison, mais ma philosophie de course est toujours de laisser libre cours à leur envie d’attaquer, comme Nordhaug, même si ce dernier a toujours était surveillé de près par le peloton. Je pense qu’il est un des plus gros potentiels de l’équipe, et c’est dommage pour lui qu’il n’ait pas le droit de sortir.
Après, pour Rowe et Puccio, nos autres néo-pros, j’aurais aimé dire qu’ils évoluent de jour en jour, mais j’avoue que je dois émettre des réserves. Ils ne confirment pas encore les attentes que nous avions, et tardent à se mettre au niveau. Si Rowe peut devenir un futur poisson-pilote de luxe, Puccio devra nous montrer qu’il mérite sa place dans le peloton professionnel.
Bon, je crois avoir fait le tour des questions, je vous donne donc rendez-vous dans un mois !