Bilan de la saison 2014 :
En bas de tableau, ce sont les formations de Skil Shimano et Tinkoff qui cèdent leurs places à Bouygues et Panaria.
Les 5 points clés de la saison :1. Riccardo Ricco, toujours au top !
Il est de loin le coureur le plus régulier de ces dernières années ! Prometteur chez Saunier Duval (2° de l'Amstel en 2007, 3° du Giro 2008), il explose littérallement lors de son transfuge chez la T-Mobile début 2010 ! Vainqueur de Paris-Nice, 2° du Giro (meilleur grimpeur) et 3° du Tour de Lombardie cette année là, il entame sa moisson ardennaise dès la saison suivante en enlevant Liège Bastogne Liège ! 3 ans plus tard, il compte 6 victoires à son actif dans ces 3 classiques pour puncheurs, soit le 3° meilleur total de l'histoire* ! La chasse au cannibale est ouverte, car il ne compte pas s'arrêter là ! En remportant l'Amstel en avril dernier, il a même rejoint le cercle très fermé des coureurs ayant remporté au moins une fois chacune des 3 courses du triptyque. Mais il ne s'en contente pas, et a également élargi son palmarès à des courses à étapes comme le Tirreno (2011 et 2013), ou le Tour du Pays Basque (2013 et 2014). On ne compte plus les places d'honneur sur les différentes courses Pro-Tour du calendrier, jusqu'à la Vuelta ou le Cobbra a déjà réussi de très belles performances (3°, vainqueur du classement par points et meilleur grimpeur en 2011, 4° en 2012). 4° du classement Pro-Tour en 2010, il a depuis systématiquement terminé dans le top 3 mondial !
Ricco vainqueur sur le dernier Tour du Pays BasqueSes regrets : ne pas avoir pu remporter les 3 grandes courses du calendrier italien : Milan San Remo, qui ne correspond pas tellement à ses qualités, mais surtout le Tour de Lombardie, où il ne désespère pas après avoir terminé sur le podium en 2010 et 2013, et bien sûr le Tour d'Italie, où la tâche sera malheureusement plus difficile ! A 31 ans, rivaliser avec une concurrence plus jeune ne sera pas aisée. Les Possoni, Pavanel, Perri voire un Fabiano Mezzano très prometteur sur les deux dernières éditions. 2° en 2008, 5° en 2009, 3° en 2010, il avait disparu du top 5 par la suite, avant de réussir une très belle course en mai dernier. Maillot rose à une semaine de l'arrivée, il n'a pu résister au redoutable Possoni, mais a su se maintenir sur le podium.
Ricco compte 5 victoires d'étapes sur le Giro, dont celle-ci sur l'édition 2013Quels seront donc ses objectifs pour les saisons à venir ? Si battre le record de Mercks sur les Ardennaises semble jouable, il devra peut-être choisir ses priorités entre les classiques d'avril et le Giro ! Le choix semble cornélien...
* Seuls Eddy Mercks (10 victoires) et Moreno Argentin (7 victoires) ont fait mieux. Le classement :
Nom du coureur : Amstel - Flèche Wallonne - Liège Bastogne Liège : TotalEddy Merckx : 2 - 3 - 5 : 10Moreno Argentin : 0 - 3 - 4 : 7
Riccardo Ricco : 1 - 3 - 2 : 6Bernard Hinault : 1 - 2 - 2 : 5Jan Raas : 5 - 0 - 0 : 5
Davide Rebellin : 2 - 2 - 1 : 5Alejandro Valverde : 1 - 3 - 1 : 5Michele Bartoli : 1 - 1 - 2 : 4Ferdi Kübler : 0 - 2 - 2 : 4
Franck Schleck : 3 - 1 - 0 : 4
Fred De Bruyne : 0 - 0 - 3 : 3
Danilo Di Luca : 2 - 1 - 2 : 3Léon Houa : 0 - 0 - 3 : 3
Marcel Kint : 0 - 3 - 0 : 3
Stan Ockers : 0 - 2 - 1 : 3
Alphonse Schepers : 0 - 0 - 3 : 3
En gras : les coureurs ayant remporté au moins une fois chacune des 3 ardennaises2. Yvan Renou, un record... à améliorer !Si Ricco doit faire vite pour battre les records, Yvan Renou les a déjà battu, à 24 ans seulement ! Malgré son jeune âge, il est devenu l'an dernier le premier cycliste à remporter 5 fois la reine des classiques ! Le tout en 6 participations, durant lesquelles seul Tom Boonen a pu le battre au sprint en 2012. Inutile de dire qu'il pourrait en gagner beaucoup d'autres... Jusqu'où pourra-t-il aller ? L'histoire s'écrit maintenant, et la sienne sera certainement très dure à effacer !
Yvan Renou, pour sa cinquième victoire sur le Vélodrome de RoubaixS'il a déçu sur les autres grandes classiques d'avril, c'est peut-être qu'Yvan Renou avait d'autres objectifs ! Vainqueur de Paris-Nice un mois avant, au terme d'une superbe course et d'un duel haletant avec son compatriote Raphaël Lagrange, le Boulonnais a remporté là sa première grande course à étapes. Il s'est également orienté vers des courses de moindres importances, mais avec des résultats impressionnants : 28 victoires sur l'ensemble de la saison, c'est un total que peu de coureurs auront atteint. On notera ainsi sa victoire sur "ses" 4 Jours de Dunkerque, où il a réussit la performance de remporter chacune des 5 étapes !
3. Raphaël Lagrange, la révélation !
Réputé comme étant un excellent baroudeur, Raphaël Lagrange avait déjà alimenté son palmarès de prestigieuses victoires d'étapes sur des courses comme Paris-Nice, le Tour du Pays Basque, le Tour de Suisse, le Giro ou le Tour de France. Ajoutées à ses podiums au général du Tour Méd', du Tour du Danemark ou du Critérium International, mais surtout la victoire acquise sur les 4 Jours de Dunkerque, ces performances témoignaient d'un solide caractère et de beaucoup de talent. Pour autant, il n'avait jamais réellement semblé en mesure de peser au classement général des plus grandes courses. Et si ses grosses performances en montagne sur le Tour de Suisse 2013 (il terminera meilleur grimpeur) auraient dues être prises pour un avertissement, on était loin de s'imaginer qu'il serait capable de telles performances en 2014 !
Lagrange explique que le déclic est venu du Tour de Pologne 2013, où il a réussi sa meilleure performance sur une course à étapes Pro-Tour (3°). Cela prêterait presque à sourir, tant le décalage est grand entre ce résultat somme toute modeste sur une course d'une difficulté toute aussi relative que le niveau de la concurrence, et ses différents résultats de la saison suivante.
2° de Paris-Nice (battu de justesse par Yvan Renou), Rapha a ensuite fait une pause, avant de sortir une fin de saison sensationelle ! A la surprise générale, il se retrouve à lutter pour la victoire finale sur le Tour d'Espagne, avant d'échouer finalement à la 2° place à 2' de Gelabert. Pas abattu pour autant, il rebondit à la perfection en s'imposant lors de la course en ligne des Championnats du Monde ! Avant de briller une dernière fois sur le Tour de Lombardie, dernière grande classique de la saison, qu'il remporte également.
4. Chez les grimpeurs, la nouvelle génération pousse, pousse, pousse...Exit Damiano Cunego ! Bon vent, Gomez Marchante ! Presque oubliés également, les Gerdemann et Brajkovic ! Les terreurs sur les Grands Tours se sont trouvés d'autres noms : Cornell, Cuervo, Gelabert, Gutierrez Osa, Irusta, Kozole, Pavanel, Perri, Kevin Ramade (voire peut-être Xavier s'il joue sa carte solo) ou Corentin Torres. Tour d'horizon...
Kenneth Cornell (24 ans) : Vainqueur du dauphiné en 2013, l'Américain a confirmé la saison suivante, en étant avec Andy Schleck le principal rival de Kevin Ramade sur le Tour de France. 2° du classement final, il ambitionne de l'emporter cette saison ! Son potentiel semble très important, et à 24 ans, on ne voit pas beaucoup de failles chez le leader de la Rabobank !
Cornell s'était révélé sur le Dauphiné 2013 Christian Cuervo (26 ans) : Excellent rouleur-grimpeur, il fait partie des meilleures chances françaises sur les Grands Tours. Se concentrant essentiellement sur le Tour de France depuis 3 ans, il y obtient des résultats intéressants (4°, 6° et 8°, et 2 victoires d'étapes en montagne), même si l'on peut regretter qu'ils n'aillent pas en s'améliorant.
Cuervo lors de sa première victoire sur le Tour de France, en 2013 Juan Andrés Gelabert (27 ans) : Découvert lors de sa victoire d'étape sur le Tour du Pays Basque en 2012, le grimpeur espagnol a explosé sur la Vuelta 2013. Quadruple vainqueur d'étape et 3° du général final, il prit ainsi rendez-vous pour la saison suivante ! Au terme d'un superbe duel avec Raphaël Lagrange, le coéquipier de Thomas Dekker obtient la consécration, en remportant la plus prestigieuse des courses espagnoles. Il semble pourtant lui rester une belle marge de progression...jusqu'où ira-t-il ?
Saulo Gutierrez Osa (28 ans) : 7° de la Vuelta en 2010, l'Espagnol a ensuite réussi la même performance sur le Tour de France de l'année suivante, qu'il terminera 7° et meilleur jeune. Décevant en 2012, il revient encore plus fort en 2013 : 4° du Tour de France, il enchaîne par une Vuelta maîtrisée de bout en bout, succédant ainsi à Gomez Marchante, triple tenant du titre ! Ses talents de rouleurs lui permettent même de devenir champion du monde du contre-la-montre dans la foulée. Moins performant l'année suivante, il terminera 6° de la Vuelta. Il rêve de revenir à son meilleur niveau en 2015...
Gutiérrez Osa victorieux de l'étape reine du Tour 2013 Alvaro Irusta (24 ans) : L'ancien coureur d'Auber 93 attaque sa 4° saison avec la CSC. Il a commencé à faire parler de lui en 2013, en obtenant de bons résultats sur des courses de seconde importance. Sur le Pro-Tour, on se contentera d'une 8° place sur le Tour de Catalogne. Mais à 22 ans, ce n'est pas si mal, d'autant que les espoirs se confirment la saison suivante ! 8° du Dauphiné, il enchaînera par un excellent Tour de France qu'il termine à la 6° position. Un regret néanmoins pour le grimpeur espagnol : il n'a jamais remporté le moindre succès ! Mais il compte bien y remédier en 2015...
Arne Kozole (25 ans) : Grimpeur exceptionnel, l'Allemand se révèle sur la Vuelta 2011 en remportant une étape, et surtout en terminant 6° du général... à seulement 22 ans ! En 2012, il continue de montrer un gros potentiel, mais peine à confirmer dans les résultats. Même chose en 2013, où il se contente d'une 19° place sur le Tour de France, et d'une 10° place sur la Vuelta. En 2014, il réussit un bon Tour de Suisse (3° du classement final), mais on commence à désespérer de le voir courir intelligemment lorsqu'il se lance dans une échappée scuicidaire vouée à l'échec lors de la 7° étape qui lui fait perdre plus de 6'. Il se reprendra parfaitement par la suite, et démontre enfin une grande régularité en montagne, en suivant réguliérement les tous meilleurs. Il est même le seul à suivre, voire attaquer les 3 "patrons" de cette édition 2014, Ramade, Cornell et Schleck. Il est logiquement récompensé par une 4° place et le maillot à pois de meilleur grimpeur qu'il ramènera à Paris. Prenant enfin conscience de son potentiel, il enchaînera en remportant le Tour d'Allemagne le mois suivant. Malgré un style radicalement opposé, toute l'Allemagne rêve de le voir succéder à Jan Ullrich en devenant le nouveau leader du cyclisme allemand. Un rôle que n'avait pas réellement su assumer Gerdemann. Kozole, lui, en est certainement capable et s'annonce comme l'un des principaux favoris du prochain Tour de France !
Arne Kozole aura fait parler de lui sur le dernier Tour de France Enrico Pavanel (28 ans) : Pratiquement jamais sur le devant de la scène sur les autres courses, le grimpeur italien est pourtant l'un des coureurs les plus réguliers sur le Giro sur les 5 dernières éditions. Totalement inconnu du grand public, Pavanel sera la révélation du Giro 2010, qu'il terminera à la 5° position. Il confirme dès l'année suivante en montant sur la deuxième marche du podium, seulement battu par Possoni, vainqueur en l'absence de Cunego. Le grimpeur de la Discovery Channel fera mieux que Possoni l'année suivante, mais ne peut empêcher Cunego de remporter son 4° titre. En 2013, il ne peut profiter du déclin de Cunego, battu par Perri et Possoni. Décidemment maudit, il échoue à nouveau derrière Possoni en 2014.
Dans toute l'histoire du Giro, seuls ses compatriotes Italo Zilioli et Bartolomeo Aymo avant lui ont terminé 4 fois sur le podium sans jamais l'emporter. Enrico espére bien sortir de ce cercle !
Aleandro Perri (27 ans) : Coureur très complet, Perri réussit un excellent Giro 2011. Alors qu'il n'est qu'équipier de Moinard chez Astana, il parvient à se hisser à la 8° place du général final. Le coureur français rejoignant AG2R la saison suivante, Aleandro devient leader de l'équipe sur le Giro, qu'il termine à la 5° place... tout en enchaînant par un très bon Tour de France : 5° également, alors qu'il avait retrouvé un statut d'équipier derrière Rogers (battu de justesse par Gerdemann). Courant toujours après sa première victoire, il décide de changer d'air, et rejoint la Rabobank et ne souhaite se consacrer qu'au Giro. Pari gagnant, puisqu'il écrasera la course, remportant 6 étapes au passage. 2014 sera plus difficile, puisqu'en tentant à nouveau de participer aux 2 premiers Grands Tours de la saison, il perd son titre sur le Giro (4°), pour une performance similaire sur la Grande Boucle (5°).
Kevin Ramade (25 ans) : La nouvelle star du cyclisme français n'est plus à présenter ! Révélé en 2012 par sa 4° place sur le Giro et sa victoire sur le Dauphiné, il a depuis remporté les 2 seuls Tours de France auquels il a participé ! Des victoires toujours difficiles, mais qui n'en étaient que plus belles. A lui d'enchaîner pour réussir la passe de 3 !
Xavier Ramade (26 ans) : Si les liens familiaux l'ont laissé jusqu'ici dans l'ombre de son frère, son potentiel semble également très important pour cet excellent grimpeur ! Moins complet que son frère, il semble rivaliser dans les cols. Consacrant ses efforts pour aider son frère, on se souviendra sans doute longtemps de son Tour de France 2013, où il effectuera un énorme travail sur l'étape reine qui permit à Kevin d'endosser le maillot jaune ! Cette année, il envisagerait de participer au Giro, pour tenter de jouer enfin sa carte perso.
Xavier Ramade, ici sur le Tour de Catalogne 2014, aimerait jouer sa carte personelle Corentin Torres (26 ans) : Longtemps considéré comme l'un des plus grands espoirs français pour les Grands Tours, il peine à confirmer au plus haut niveau. Très en vue sur les courses d'une semaine en 2013, comme en atteste sa victoire sur le Tour de Catalogne, il a déçu l'an passé sur le Tour de France (15°), en se montrant incapable de suivre les meilleurs en montagne malgré un Tour de Suisse prometteur. Il sera néanmoins très attendu cette année.
5. Que peuvent espérer les anciens ?Thomas Dekker (30 ans) : Le Néerlandais semblait pourtant intouchable il n'y a pas si longtemps. Triple vainqueur du Tour de France de 2009 à 2011, il a depuis joué de malchance : une chute en 2012 l'a stoppé dans son élan alors qu'il semblait écraser la course... mais surtout, il apprit un mois plus tard qu'il était atteint d'un cancer des testicules. Absent en 2013, il revient en 2014 avec la ferme intention de retrouver son titre, mais est à nouveau victime d'une lourde chute en première semaine qui mettra fin à ses illusions.
Dekker tente de repartir après sa chute, mais ne pourra jamais rattraper le temps perduA 30 ans, il semble encore avoir le temps de retrouver la victoire sur la plus grande course du calendrier cycliste. Mais si les choses seront plus dures face à une concurrence en progrès et qui a pris confiance, la grande inconnue vient surtout de lui et de son état d'esprit. Après 3 ans sans victoire, il lui faudra une grande force de caractère pour l'emporter à nouveau !
Andy Schleck (29 ans) : Souvent placé sur les Grands Tours, le Luxembourgeois a terminé sur le podium des deux dernières éditions, en étant à chaque fois une grande menace pour le maillot jaune, Brajkovic en 2013 et Ramade en 2014. Mais pourra-t-il faire mieux ?
Janez Brajkovic (31 ans) : Coureur irrégulier s'il en est, Brajkovic est monté plusieurs fois sur le podium du Tour de France. 3° en 2009 à 5' de Dekker, il récidive en 2012 en profitant de l'absence du Néerlandais. Mais surtout, il passe à 2 doigts de la victoire l'année suivante, en portant longtemps le maillot jaune, qu'il perdra sur le fil face à Kevin Ramade. Moins performant l'an passé, on l'imagine mal revenir au niveau de la concurrence. Mais le sport réserve parfois bien des surprises...
Linus Gerdemann (32 ans) : Vainqueur du Tour en 2012, il a su profiter de la chute de Dekker pour l'emporter, vraisemblablement la seule année où il en était capable. Il avait certes obtenu une brillante seconde place en 2010, en étant le seul à faire illusion derrière Dekker. Mais depuis, il semble très loin des meilleurs !
Gerdemann s'assure définitivement la victoire sur le Tour 2012... que cela semble loin !Morris Possoni (30 ans) : 3° et meilleur jeune du Giro en 2010, Possoni est comme la majorité des grimpeurs italiens : il base sa saison quasi-exclusivement sur le Tour d'Italie. Mais pour lui, ça marche : il compte 2 victoires à son palmarès, et est le seul à avoir terminé sur le podium des 5 dernières éditions ! Il semble l'un des seuls trentenaires du peloton à avoir encore l'avenir devant lui !
25 Fév 2010, 19:15
