TDF Etape 11 Chambéry-GapUne étape trop escarpée pour
Cavendish, mais pas assez pour creuser de gros écarts au général.
Le début d’attaque est calme, mais
Monfort a marqué cette étape d’une croix rouge, c’est lui qui lance les hostilités. Un groupe de 6 se forme :
Monfort (HTC), Bakelants (OPL), Santambrogio (BMC), Hondo (LAM), Florencio (CTT), Voss (MRM). Mais
Monfort est très nettement le plus fort du lot sur ce parcours vallonné et légèrement montagneux. Dès la première montée, assez raide, il est vrai, il lâche ses compagnons d’échappés sans vraiment le vouloir, et part pour un long raid en solitaire. Ses ex-compagnons d’échappé sont à 2 minutes, le peloton encore 2 minutes plus loin.

Monfort parti dans un long raid
Karpets s’extirpe du peloton, et parviendra à rejoindre
Monfort dans les 50 derniers km. Les deux hommes collaboreront parfaitement, ils ont encore 5 minutes d’avance sur le peloton à 30 km de l’arrivée, il reste notamment une bonne descente, on y croit, ils vont aller au bout. Mais le peloton accélère, roule à très vive allure, et les reprendra dans les 12 derniers km.
Rogers et
Martin sont restés tranquillement dans les roues aujourd’hui, ils ont encore du jus,
Rogers emmène
Martin (dans un très bon jour : +4), on y croit encore… mais non, Kreuziger, le grand battu d’hier, vient sauter l’allemand sur la ligne. Dans un sursaut d’orgueil, le jeune et talenteux coureur tchèque a répondu de la plus belle manière après avoir dû renoncer hier à toute ambition pour le général.
Etape :1. Kreuziger (LIQ)
2.
Martin (HTC)3. Devolder (QST)
4. Pineau (QST)
5. Navarro (AST)
6.
Rogers (HTC)7. Vinokourov (AST)
8. Porte (SAX)
9. Pereiro (AST)
10. Basso (LIQ)
Pas de changement dans les 10 premiers du général, ni dans les classements annexes.
Général :1. Contador (AST)
2. S. Sanchez (EUS) 22’’
3. Basso (LIQ) 26’’
4. Menchov (RAB) 39’’
5. Wiggins (SKY) 56’’
6. Rodriguez (KAT) 1’04
7. Arroyo (GCE) 1’04
8. Rogers (HTC) 1’17
9. Hesjedal (GRM) 1’31
10. Evans (BMC) 1’33
Le grand battu du jour, c’est Gesink. Un cran en dessous hier - alors qu’il était en lice pour un top 10 - il craque complètement aujourd’hui et termine à 16’25. Le jeune hollandais se retrouve maintenant à 21’11 au général.
Mais le pire, pour nous, ce n’est pas que Monfort ne soit pas allé au bout, ni que Kreuziger prive
Martin d’une nouvelle victoire d’étape pour l’équipe, c’est que
Renshaw ait été éliminé. Pourtant, il s’est donné à fond dans le final, a distancé le petit groupe de retardataires dans lequel il était, a sprinté pour arriver dans les délais… mais les commissaires ont été impitoyables. Avec lui, une dizaine de coureurs ont été exclus de ce tour : Julian Dean, Chicchi, Mondory et Turgot, entre autres.
Un très mauvais jour pour l’équipe,
Cavendish sera privé de son poisson-pilote de luxe et compagnon de chambrée pour toute la suite du tour.
Un journaliste vient lui poser quelques questions à l’arrivée :
J : « Mark, c’est un coup dur pour vous, votre poisson-pilote a été éliminé »
MC : « Evidemment que c’est un coup dur, déjà qu’on doit faire 90% du boulot et que les autres équipes ne nous aident pas beaucoup, avec un coureur de moins, et un rouage aussi essentiel de notre dispositif que Mark Renshaw, ça va être très compliqué. »
J : « Vous savez ce qui a pu arriver à Renshaw, il était en mauvaise condition ? »
MC : « Vous n’avez pas dû regarder les étapes précédentes, il m’a emmené de manière magistrale, et a même réussi à prendre la 2° place de l’étape 7 tout en travaillant pour moi. Non, Mark était en super forme, sa saison était en grande partie axée sur le tour, il a juste connu un jour difficile aujourd’hui, ça arrive aux meilleurs. Et je trouve scandaleux que les commissaires n’aient pas voulu repêcher les attardés. A mon avis, les commissaires ont des consignes, ils ont fait ça parce que je dérange à force de gagner la majorité des sprints du tour depuis 3 ans. »
J : « Mais il y a des règles, des délais à respecter »
MC : « Bullshit ! Ils repêchent quand ça les arrange. Je dis pas qu’il faille attendre deux jours pour laisser arriver les derniers, là, il ne s’agit de quelques petites minutes. Et on a vu des étapes où on repêchait des coureurs ayant perdu plus de temps que ça. »
J « Au fond, est-ce que ce n’est pas parce qu’un coureur de votre équipe, Maxime Monfort, a durci la course qu’il y a eu des éliminés aujourd’hui ? ».
MC : « Max a fait sa course, il travaille déjà beaucoup pour l’équipe dans l’année, il est normal qu’il prenne aussi sa chance. Et s’il avait tant durci la course que ça, le peloton des favoris n’aurait pas pu revenir aussi facilement sur Karpets et lui. Et si on raisonnait comme vous le faîtes, personne n’attaquerait jamais sur le tour, car il y a toujours le risque que ça élimine des équipiers. Non, le problème, ce sont ces délais trop courts et les commissaires sans pitié. »
J : « Vous pensez pouvoir continuer à remporter de nouvelles étapes sans Renshaw »
MC : « Bien sûr que je le peux, mais c’est tout de même une grande perte car Mark est le meilleur poisson-pilote du monde, un des 4 meilleurs sprinters du circuit comme le dit Erik [Zabel]. Et c’est vrai qu’il va falloir revoir notre train et les rôles de chacun. »
J « Merci, Mark, et bonne chance pour la suite ».
