Exclusif : Interview avec le champion du monde !
Notre envoyé spécial a rencontré Cadel Evans à une semaine du départ du Tour.
Notre envoyé spécial, Peter Biakolo, depuis Palma de Majorque.Peter Biakolo : Tout d’abord, bonjour et merci de nous recevoir.Cadel Evans : Bonjour.
P.B. : Cette année, vous abordez ce Tour de France avec le maillot arc-en-ciel, cela a-t-il changé votre approche ?C.E. : Non, je fais toujours partie des favoris, pour moi la pression est donc identique même si je sais que je serai encore surveillé. Je n’ai pas touché à mon programme de préparation, je suis fin prêt.
P.B. : Justement, vous avez beaucoup couru depuis le début de la saison, ne risquez-vous pas de manquer de fraîcheur ?C.E. : Oui et non. Il est vrai que j’ai accumulé beaucoup de jours de courses depuis Janvier, mais c’est nécessaire pour arriver en forme sur le Tour. Et puis ça m’a permis de faire de beaux résultats, avec ma victoire sur la Flèche Wallonne notamment. J’arrive donc plus détendu que Schleck ou Contador, par exemple, qui sont dans l’obligation de faire une bonne place.
P. B. : Vous venez de citer Schleck et Contador, comme favoris du Tour, qui d’autre peut remporter le classement général ?C.E. : Basso, s’il est capable de retrouver son niveau de 2006 ou s’il grimpe aussi bien que sur le Zoncolan, il devrait être très près de la victoire. Nibali, Menchov et Samuel Sanchez seront présents aux avants postes mais en second rideau, pour une place dans les cinq premiers. En tout cas avec mes coéquipiers de ma nouvelle équipe BMC, j’espère bien leur donner du fil à retordre.
P.B. : Il semblerait que malgré le parcours atypique vous attendiez les habitués des grands tours ?C.E. : En effet, mais c’est logique puisque ce sont les coureurs les plus fort physiquement : ils ne perdront rien ou presque sur les contre-la-montre et la moyenne montagne mais peuvent creuser des écarts importants en haute montagne.
P.B. : Vous, à l’inverse vous tenterez de prendre du temps sur les étapes vallonnées et les contre-la-montre, tout en limitant la casse en montagne ?C.E. : Je prendrai du temps à mes adversaires dès que l’occasion se présentera, quelque soit le terrain. Evidemment, certaines étapes seront plus propice que d’autres, notamment les contre-la-montre. J’espère bien revêtir le maillot dès la première étape.
P.B. : Quel sont vos autres ambitions ?C.E. : La victoire finale si les conditions de course me sont favorables. J’aimerai également enlever une ou deux étapes et pourquoi pas le maillot vert puisque les sprinteurs n’auront que très peu d’occasions de faire parler leur fougue.
P.B. : Tout de même, n’est-ce pas un peu ambitieux ? Vous risquez de vous disperser.C.E. : Pas forcément, les étapes viendront avec la victoire finale et n’oubliez pas qu’avec mon équipe, je peux remporter le contre-la-montre par équipes. Le maillot vert c’est secondaire, à part Freire et Hushovd je vois mal un sprinteur s’imposer. Et comme je peux marquer des points sur une quinzaine d’étape, je fais parti des favoris pour ce maillot distinctif. N’oubliez pas que je viens de remporter le classement par points du Giro donc c’est possible.
P.B. : Vous confirmez donc que le maillot à pois ne fait pas parti de vos plans ?C.E. : On sait tous que pour remporter ce maillot il faut faire de grandes chevauchées en montagne, ce qui est incompatible avec mes objectifs. Je me désintéresse complètement du maillot à pois.
P.B. : Vous avez fait allusion plusieurs fois à la prétendue force de votre équipe. Qu’attendez-vous de vos coéquipiers ?C.E. : On a de gros rouleurs qui nous permettent de viser le contre-la montre inaugural (Zabriskie, Boom, Ballan, Devolder, Boassen Hagen, Kreuziger, Hincapie et Clement). De plus avec les grimpeurs de l’équipe (Kreuziger surtout), je devrais limiter la casse en haute montagne. Mes coéquipiers sont tous expérimentés et me sont entièrement dévoués, et avec John (ndlr : Lelangue, sont directeur sportif) je ne risque pas de me faire piéger. Tout le monde ne peut pas en dire autant…
P.B. : Vous vous attendez donc à une course tactique ?C.E. : Oui, car avec ce parcours, le Tour pourra se perdre à chaque étape et il sera très difficile de se mettre à l’abri de ses adversaires.
P.B. : La présentation du parcours a fait couler beaucoup d’encre. Que pensez-vous du tracé de l’édition 2010 ?C.E. : C’est un tracé original qui reprend certaines idées des autres Grands Tours de la saison. Le départ de Palme avec l’enchaînement d’un prologue et d’une course semi-classique s’annonce palpitant. Les Pyrénées sont un peu escamotées comme l’an dernier dommage. Les rares occasions pour les sprinteurs se concentrent dans les premiers jours. Il ne devraient pas y avoir de gros écarts avant l’arrivée à Turin (attention au Massif Central, quant même). Puis après les Alpes grandioses avec l’arrivée à Verbier et surtout l’étape reine Chamonix - Avoriaz. Les contre-la-montre finaux promettent du grand spectacle et du suspens. Beaucoup de transferts entre les villes étapes, la récupération sera difficile.
P.B. : Pour finir, ne craignez-vous pas la malédiction du maillot arc-en-ciel ?C.E. : Non, car j’ai d’ores et déjà réussi ma saison. Tout ce qui vient à présent c’est du bonus.