2 Juin 2010, 5h10, Route de l'Aérodrome militaire de Sarajevo Est, Sarajevo, Spraquie.
La Mercedes noire filait dans la nuit de la campagne sarajévienne, tentant de ne pas se faire remarquer par les sévères autorités Spraques. Cadel observait la route avec appréhension, à ses côtés Francky gardait un œil sur son sac rempli de liasses de Caures, désespéré de devoir se séparer de cette somme. A l'arrière, Griselda était entourée par Erik à sa droite et Gwanaël à sa gauche. Quelques mètres derrière, une vieille renault 14 à la vitre conducteur fracturée suivait la massive voiture de la marque stuttgartoise, à son bord, on retrouvait Molee au volant, les yeux rivés sur la Mercedes, Ludmia sur le siège passager avant gauche, et Maitsa, assise sur le bord du siège central arrière, la tête posée sur le siège de Ludmia. La route était tortueuse car elle les menait dans les belles montagnes de Bosnie et il fallait être vigilent car ici, seule la lumière des phares transperçait le noir épais. Soudain, dans les phares de la Mercedes apparut un barrage militaire gardé par quatre soldats, l'un d'eux fit signe à Cadel de s'arrêter. Cadel, stressé, s'arrêta aux côtés du militaire, il ouvrit aussitôt sa vitre. Le militaire s'adressa à lui dans un dialecte spraque ...
MILITAIRE : Zdravo ! Poklon Autodokumenata, Bitte ! (Bonjour ! Présentez les papiers du véhicule, s'il vous plait !)
CADEL : Can you speak english please ? (Pouvez vous parler anglais s'il vous plait ?)
Le chef se mit à rire bruyamment et interpella l'un de ses compagnons.
MILITAIRE : Novak ! Mi smo jein inglushki ! Eh Eh Eh ! (Novak ! On a un "inglushki" [Insultant pour désigner un anglophone] ! Lol !)
NOVAK : Britjavejshko ! (Insulte signifiant approximativement "qu'on le brûle ce chien et qu'on laisse son corps rôti aux cochons de l'enfer.")
Gwanaël semblait avoir compris ce que disaient les deux soldats, il se pencha alors vers Cadel ...
GWANAEL : Cadel ! Ils détestent les anglophones dans cette région ! Ils ont été envahis par les Anglais, il y a 60-70 ans ...
CADEL : Je ne suis pas Anglais !
GWANAEL : Dis leurs en Spraque ... Sinon ils vont te descendre ... et peut être nous aussi ... Tu sais le dire ?
CADEL : Euh oui ... C'est l'une des seules phrases que je sais dire en Spraque ...
Novak arriva alors vers la Mercedes, son luger à la main, un petit air de haine sur le visage.
CADEL : Ja ... Ja sim australijski !
Le soldat Novak mit alors Cadel en joue.
NOVAK : Prove it ! (Prouvez le.)
Cadel sortit alors ses papiers d'identités et les tendit en direction de Novak. Ce dernier les observa attentivement.
NOVAK : Ca ... Cadel Evans ? ...
Novak baissa son arme, se retourna brusquement vers son camarade et lui infligea une petite tape sur le casque. Il donna alors l'autorisation de passer aux deux véhicules. Cadel redémarra alors la voiture à la hâte et reprit la route.
ERIK : On a eu chaud ... De vrais dégénérés ces spraques ...
GWANAËL : Répète un peu ça ?
GRISELDA : Hey les garçons ! Arrêtez ! On est passés, c'est le principal ...
CADEL : On vit de sacrés aventures avec vous ...
FRANCKY : Si on pouvait en vivre moins ... Je ne suis pas venu en Europe pour ça ...
L'aérodrome apparaissait alors au bout de la route. Plus rien n'allait stopper le petit groupe dans son voyage de retour vers la Lamborée.