Championnats du monde CLMJ’ai choisi de m’occuper de l’équipe d’Allemagne, car
Martin est notre meilleure chance d’obtenir un titre de champion du monde, les deux épreuves cofondues. Et on a 3 coureurs allemands dans l’équipe capable de faire un top 10 au championnat :
Martin, Grabsch et Gretsch. Trois HTC-Columbia dans la sélection allemande, le 4° coureur étant Jens Voigt. La presse allemande m’a d’ailleurs pas mal critiqué pour cela, estimant que je favorisais les coureurs de mon équipe, et que
Gretsch aurait dû laisser sa place à Klöden ou Gerdemann. Sauf que je connais bien les coureurs de mon équipe, je sais que
Gretsch a beaucoup progressé cette année dans l’exercice, qu’il est en très bonne forme actuellement (93)… et je leur ai répondu de la meilleure manière !
Gretsch fait un temps canon et s'empare de la première place provisoire, les deux australiens
Rogers et Evans, chez eux et donc particulièrement motivés, n'arriveront même pas à le devancer, un seul homme saura faire mieux...
Tony Martin ! Doublé des allemands, doublé HTC et superbe victoire de
Tony Martin, qui réalise là son grand objectif de la saison.
Mieux encore, avec
Grabsch, 8°, je justifie pleinement ma sélection, et prouve que j’ai su organiser le planning des grands rouleurs de l’équipe au mieux pour ces championnats, puisque le podium est 100% Columbia, avec la 3° place de
Rogers, et que je place 4 hommes dans les 10.
Rabon (pour la République Tchèque) prend une très belle 6° place, et
Grabsch, donc, la 8°.
Tout le monde voyait en Cancellara le grand favori, d’autant plus qu’il a dominé
Tony dans les CLM de l’Eneco Tour et semblait en bonne forme en fin de saison après son tour de France décevant, mais le suisse ne temine même pas sur le podium ! Il aura eu une saison assez chaotique, malgré sa victoire impressionnante sur Paris-Roubaix. En tout cas, ça aura fait nos affaires…

Tony Martin, champion du monde du CLM !
1.
Martin (Ger) (HTC)
2.
Gretsch (Ger) (HTC)
3.
Rogers (Aus) (HTC)
4. Evans (Aus) (BMC)
5. Cancellara (Swi) (SAX)
6.
Rabon (RTC) (HTC)
7. Nibali (ITA) (LIQ)
8.
Grabsch (Ger) (HTC)
9. Posthuma (PB) (RAB)
10. Contador (Esp) (AST)
Course en ligneLa presse allemande, avant les championnats, m’avait aussi critiqué sur le fait qu’elle me suspectait de préférer que
Cavendish remporte la course en ligne, alors que je dois m’occuper de
Greipel. Tout simplement parce que
Cavendish reste dans l’équipe la saison prochaine, pas
Greipel, et que je préfèrerais avoir le maillot de champion du monde dans l’équipe… et elle n’a pas tout à fait tort. Mais bon, je ferais mon boulot, je serais très heureux, aussi, si
Greipel l’emportait… Et avant de penser à
Cavendish ou Greipel, il faut encore que ces championnats se finissent par un sprint massif, ce qui n’est pas gagné. Car le parcours est plus exigeant que beaucoup le pensaient.
La plupart des allemands sélectionnés ne sont pas en très grande forme. Ciolek, notamment, qui ne pourra sans doute pas aller au bout. On travaille donc pas mal en début de course, pour ne pas laisser d’échappés creuser trop d’écart, car on sait qu’on sera sans doute trop juste pour travailler en nombre dans le final. Voigt, Martens et
Greipel sont « préservés », je compte sur Martens pour emmener
Greipel, et sur Voigt pour jouer sa carte, car il est l’allemand le plus en forme pour ces championnats, et le parcours lui convient bien.
A 60 km de l’arrivée, attaque de Gilbert, Pozzato et Voeckler. A prendre au sérieux, donc. L’équipe donne ses dernières forces pour leur revenir dessus. A 40 km de l’arrivée, attaque de
Peter Velits, qui rejoint Vorganov, seul en tête jusqu’alors. A 20 km de l’arrivée, les deux hommes comptent encore deux minutes d’avance sur le peloton principal, mené par Evans en personne ! A 10 km, le duo a encore 1’20 d’avance, et
Peter Velits lâche Vorganov. Je me retrouve dans une situation un peu schizophrénique, car au fond, je préfèrerais qu’on ne revienne pas sur lui pour avoir le maillot de champion du monde dans l’équipe ! Je suis obligé de travailler pour
Greipel, qui permettra à l’équipe Lotto d’avoir le maillot de champion du monde l’année prochaine, et contre
Velits, qui est à deux doigts de nous apporter ce maillot si convoité…

On ne m’accusera pas d’avoir favorisé
Velits, j’ai ordonné aux allemands qui avaient encore un peu de jus de rouler derrière lui, et ils le font.
Au moment où les allemands prennent la course en main derrière
Velits, j’ai un message de Bob sur mon portable « Qu’est-ce tu fous ???!!! Laisse Peter aller au bout ! On va être champion du monde, bon sang, n’oublie pas quelle est ton équipe ! »
Velits dans le dernier tour, il se bat héroïquement pour résister au peloton.
Peter Velits réalise un superbe numéro, je jubile intérieurement, il va remporter ces championnats du monde. Et voilà, c’est fait !


Le slovaque franchit la ligne avec 30 secondes d’avance sur le peloton !
L’air de rien, c’est tout de même le 2° titre de champion du monde pour
Peter Velits, qui était champion du monde espoirs en 2007…
1.
P. Velits (Slo) (HTC)
2. Voigt (Ger) (SAX)
3. Hushovd (Nor) (CTT)
4. Gilbert (Bel) (OPL)
5.
Greipel (Ger) (HTC)
6. Arvesen (Nor) (SKY)
7. Gavazzi (Ita) (LAM)
8.
Cavendish (GB) (HTC)
9. Martens (Ger) (RAB)
10. Boonen (Bel) (QST)
Ces championnats du monde ont été parfaits, bien au-delà de mes espérances… Les deux maillots seront dans l’équipe, avec
Tony Martin et
Peter Velits,
HTC réalise un formidable triplé sur le chrono, et place encore 3 hommes dans les 10 de la course en ligne (
Greipel est 5°,
Cavendish 8°). Et j’ai parfaitement mené l’équipe d’Allemagne, qui fait un doublé sur le chrono, et place 3 hommes dans les 10 aujourd’hui, avec un podium pour Voigt, 2°, ainsi qu’une 5° place pour
Greipel et une 9° pour Martens. Difficile de faire mieux.
Ah si, il y a aussi le fait que grâce à
Peter Velits, le maillot sera dans l’équipe sans que j’ai à en subir des conséquences. Si
Greipel avait gagné, Cav, Bob et toute l’équipe m’en auraient plus ou moins voulu… si c’était
Cavendish, le public et les médias allemands m’auraient accusé d’avoir fait travailler leur équipe nationale pour le britannique… Là, c’est l’idéal, le maillot sera dans l’équipe sans que l’on me suspecte de conflit d’intérêt…
Finalement, dans la guéguerre
Cav vs Greipel qui aura fait trembler l’équipe cette année, c’est
Peter Velits, le discret mais talentueux slovaque, qui aura mis tout le monde d’accord… et c’est encore mieux comme ça.
